Après le partage d’expérience (PEX) des pompiers du Bas-Rhin en mars dernier, un rapport apporte de nouveaux éclairages sur l’incendie survenu au sein du centre de stockage de données d’OVH à Strasbourg le 10 mars 2021. Il émane cette fois du Bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI), dont les enquêtes ne visent pas à établir des responsabilités mais exclusivement à tirer des enseignements en vue de faire progresser la sécurité.
Le rapport détaille le déroulé de l’incendie et avance une explication sur sa cause probable. L’incident déclencheur et le départ de feu se produisent, de manière quasi concomitante aux alentours de 0h35, dans deux salles énergie du bâtiment SBG2 : le local à batterie et la salle des onduleurs. Or l’analyse des paramètres d’ambiance fournis par des capteurs des onduleurs font apparaitre à deux reprises (23h15 et 0h30) une hausse singulière du taux d’humidité.
Pour le BEA-RI, la présence d’un liquide ou d’humidité a pu « causer la formation d’un court-circuit interne susceptible de causer les dégâts constatés ». Mais faute de connaitre à ce stade les paramètres de fonctionnements des onduleurs au moment de la panne, le bureau indique prudemment que ces seuls éléments ne permettent pas de déterminer la cause de la défaillance et qu’il reviendra à l’expertise judiciaire en cours d’apporter ses conclusions sur l’origine du départ du feu.
Le rapport apporte des explications sur les éléments qui ont favorisé la rapide propagation du feu jusqu’à l’embrasement généralisé de SBG2, seulement une heure et demi après le déclenchement de la première alarme. Il pointe la conception de SBG2, qui exploite un courant d’air naturel permanent pour le refroidissement des serveurs qui a permis aux fumées d’incendie de se propager rapidement et sans difficulté.
Les bâtiments étaient dépourvus de systèmes d’extinction automatique et les moyens en eau sur le site insuffisants pour une intervention optimale des pompiers. Par ailleurs, l’absence de dispositif de coupure générale du site facilement accessible en cas d’incendie a nécessité l’intervention du gestionnaire du réseau électrique pour couper l’alimentation au départ du poste source. De plus les bâtiments étaient mal isolés les uns des autres. Si SBG3 a été relativement épargné par des murs coupe-feu et une zone de séparation, SBG1 en contact plus direct a eu 4 de ses 12 salles détruites.
Le BEA-RI clôt son rapport avec un liste de recommandations à destination des autorités et des exploitants, qui serviront à améliorer les règles anti-incendie dans les datacenters. Alors que 140 clients viennent d’engager une action collective indemnitaire face à OVHCloud pour obtenir réparation du préjudice de l’incendie, chaque élément du rapport sera soigneusement étudié par toutes les parties.