Sigfox, le pionnier français de l’internet des objets, connait désormais son repreneur. Parmi les trois dernières entreprises encore en lice, le tribunal de commerce de Toulouse s’est finalement prononcé le 21 avril en faveur du projet porté par la société Unabiz, le préférant à celui de la startup parisienne Actility et du groupe français de conseil et ingénierie Oteis.

Immatriculée à Singapour, Unabiz opère le réseau « OG » de l’entreprise française en Asie. Dirigée par deux entrepreneurs français, dont un ancien salarié de Sigfox, l’entreprise avait été évaluée comme la mieux-disante par le CSE et les salariés. Cependant, s’agissant d’une entreprise étrangère, elle devait, pour acquérir cet actif stratégique, obtenir l’autorisation du ministère de l’économie, qui a tardé à venir dans le contexte particulier de l’élection présidentielle. Le report d’une semaine de la décision, initialement prévue le 14 avril, lui a finalement permis d’obtenir sur le fil l’aval de Bercy.

Unabiz se porte acquéreur à la fois du groupe Sigfox SA pour 3,3 millions d’euros et de sa filale Sigfox France SAS pour 300 000 euros. L’entreprise s’est engagée à conserver 110 salariés sur les 174 du groupe et l’ensemble des 16 salariés de Sigfox France. Par ailleurs, le tribunal a posé comme condition à la reprise la création d’une filiale 100% française avec un siège domicilié dans la région de Toulouse. Dans un communiqué faisant suite à l’annonce, Henri Bong le PDG d’Unabiz s’engage à « garantir définitivement la souveraineté technologique française de Sigfox ».

La nouvelle équipe de direction déclare qu’elle va faire de la continuité des activités sa priorité absolue. Sigfox a déployé son réseau dans 75 pays avec autant d’opérateurs et revendique 20 millions d’objets connectés dans le monde. Pour Unabiz « Sigfox est dans une position unique pour promouvoir l’adoption massive de l’IoT ». Selon Henri Bong, « le nouveau Sigfox se réinventera et collaborera avec d’autres technologies LPWAN telles que Lora, LTE-M et NB-IoT pour saisir de nouvelles opportunités de développement.  »

Le pari est ardu pour une société qui s’était mise en redressement judiciaire en janvier dernier, fragilisée à la fois par la crise du covid, l’apparition de technologies alternatives et un marché décollant bien plus lentement que prévu. Sigfox qui avait levé près de 300 millions d’euros depuis ses débuts se retrouvait alors avec une dette dépassant les 100 millions d’euros. Pourtant Unabiz n’a pas d’autre choix que de continuer à fortement investir pour assurer le redressement de Sigfox. Cette fois le succès doit impérativement être au rendez-vous.