Selon un rapport destiné à Matignon, le développement des usages privés dans l’entreprise pourrait ainsi créer des tensions internes. Le document propose un certains nombre de recommandations.

 

A la demande du premier ministre, le directeur général du Centre d’analyse stratégique, Vincent Chriqui, et le directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle, ont réalisé une étude ayant pour sujet l’impact des TIC sur les conditions de travail.

Si l’on en croit ce document, près de deux tiers des actifs occupés et la totalité des entreprises de plus de 20 salariés utiliseraient aujourd’hui les TIC dans leurs activités professionnelles.

Si les effets de ces technologies sur les conditions de travail sont nombreux et souvent positifs, ils peuvent également se révéler défavorables estiment les auteurs du rapport qui mettent en évidence cinq principaux risques : une augmentation du rythme et de l’intensité du travail, un renforcement du contrôle de l’activité pouvant réduire l’autonomie des salariés, un affaiblissement des relations interpersonnelles et/ou des collectifs de travail, le brouillage des frontières spatiales et temporelles entre travail et hors-travail, sans oublier une surcharge informationnelle.  « La question de leurs effets sur la santé au travail reste posée », affirment les deux hauts fonctionnaires.

Les facteurs qui alimentent ces risques ne sont pas exclusivement technologiques. « La prise en compte des relations entre TIC et conditions de travail par les acteurs du système d’information des entreprises est encore imparfaite », écrivent encore les auteurs, ajoutant que ce manque de considération pour le facteur humain n’a pas seulement des conséquences sociales mais est aussi à l’origine de nombreux échecs de projets informatiques. Le fait que l’entreprise soit de moins en moins précurseur dans la mise en place des TIC innovantes et que les usages privés se répandent dans le monde professionnel peut, par ailleurs, créer des inégalités entre les utilisateurs et déboucher sur des tensions internes.


Associer la DRH et les syndicats

Le rapport contient un certain nombre de recommandations. Il est notamment conseillé d’établir un bilan sur les usages des TIC dans l’entreprise chaque année ou à l’occasion d’une évolution importante du système d’information, ce dernier devant être considéré comme un outil d’aide au travail des salariés. De plus – et ce n’est certes pas quelque chose de nouveau – il est suggéré dans le document d’intégrer les utilisateurs dans la conduite des projets, à travers notamment la DRH (ce qui implique un développement de ses compétences en informatique). L’amélioration de l’information des représentants du personnel, afin qu’ils saisissent mieux les enjeux humains des sujets TIC/SI, est également préconisée.

L’entreprise est enfin invitée à mettre en place un accompagnement au changement, lequel doit être soumis à un bilan qualitatif et quantitatif. Le tout, « sans stigmatiser les emplois “hypo-technologiques” dans l’entreprise », insistent les deux fonctionnaires.

Ces derniers souhaitent par ailleurs impliquer davantage les pouvoirs public à travers notamment l’installation d’un groupe de travail interdisciplinaire et interinstitutionnel de suivi des usages professionnels des TIC.

Vincent Chriqui et Jean-Denis Combrexelle, souhaitent enfin que les usages des TIC dans le monde du travail soient pris en compte par les politiques publiques dans un cadre interministériel cohérent.