Vincent Van Cauteren, directeur général et finances du grossiste Dexxon Datamedia estime que les grands assureurs crédit ont une responsabilité dans le ralentissement du secteur IT.

 

 

Channelnews : Êtes-vous d’accord pour parler de crise des encours depuis quelques semaines ?

 

Vincent Van Cauteren : Tout à fait d’accord. Mais je situe plutôt le début du phénomène dès octobre dernier. C’est à cette période que notre assureur-crédit de l’époque, Atradius, a commencé à nous envoyer des listes de centaines de clients pour nous informer que leur encours était résilié.

 

Combien de clients sont concernés et quel est leur profil ?

 

Vincent Van Cauteren : C’est difficile de vous dire précisément leur nombre. Je dirais qu’au moins 20% de notre base clients est touchée. Ces résiliations visent essentiellement de petites structures dont la limite de crédit était jusque là comprise entre 15.000 et 30.000 euros.

 

Quelles sont les conséquences sur votre activité ?

 

Vincent Van Cauteren : Nous avons constaté une baisse de l’ordre de 10% de notre activité. Mais le pire n’est pas passé. Beaucoup de revendeurs sont proches du gouffre, asphyxiés par le manque de trésorerie. L’année va être très dure.

 

Vous pensez que les assureurs-crédit ont une responsabilité dans le ralentissement de l’activité ?

 

Vincent Van Cauteren : J’en suis convaincu. Ils ne sont pas responsables de la crise mais contribuent à la propager et à l’intensifier. Il faut bien comprendre que ces résiliations d’encours sont une catastrophe pour les revendeurs concernés. Elles s’ajoutent aux conséquences de la crise bancaire. Mais leur impact est encore plus négatif que cette dernière.

 

Que leur reprochez-vous exactement ?

 

Vincent Van Cauteren : Principalement de réduire les encours sans discernement. A voir les listes de centaines de résiliés que nous avons reçues, une majorité l’ont été sans véritable examen de leur dossier et surtout, sans recours possible. Il n’y a qu’à jeter un œil la liste des motifs de résiliations pour s’en convaincre. Dans la plupart des cas, les motifs invoqués sont la détérioration économique dans le pays et les incertitudes pesant sur le secteur d’activité. Le comble c’est que pendant qu’elles réduisent massivement les encours elles augmentent tout aussi massivement leurs tarifs. Notre précédent partenaire a exigé une augmentation de 60% de notre prime d’assurance-crédit pour couvrir prétendait-il la hausse prévisible de la sinistralité.