C’est la Confédération générale des sociétés coopératives et participatives (CG SCOP) qui a alerté l’opinion dans un communiqué publié le 30 novembre dernier. Suite à la décision de son principal donneur d’ordre Orange de ne pas lui renouveler un marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécom, Scopelec, l’une des plus grandes entreprises sous statut coopératif de France, est menacée de perdre 1.900 emplois sur les 3.800 qu’elle compte sur le territoire national. Ce marché que Scopelec détenait depuis 2015 et qui s’achève fin mars 2022, est évalué à 150 millions d’euros annuels, soit un tiers de ses 463,9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, selon Force Ouvrière, qui s’est fendu également d’un communiqué.

D’après un délégué FO cité par LesEchos, deux des trois lots mis en jeu par Orange ont été attribués le 23 novembre dernier. Le premier concerne le déploiement de la fibre optique et le branchement des particuliers et le deuxième, la maintenance du réseau en cuivre. Scopelec aurait ainsi perdu 70 % de ses marchés sur ces deux lots, menaçant directement 1.300 à 1.500 emplois. Le troisième lot (maintenance des câbles de liaison) ne sera attribué que le 15 janvier. Il représente 300 à 500 emplois supplémentaires.

L’affaire a rapidement pris une tournure politique, la présidente Carole Delga de la région Occitanie où 500 emplois seraient menacés, ayant adressé un courrier à Stéphane Richard, le président d’Orange, le 3 décembre lui demandant de réétudier sa décision au nom de la cohésion sociale et du modèle de développement promu par l’entreprise. Elle y dénonce notamment « les logiques comptables qui motivent [son] projet en choisissant un nouveau prestataire basé au Luxembourg […] ». Une référence à Solutions 30, qui serait le principal bénéficiaire des lots déjà attribués.

De son côté, la CG SCOP dénonce « une décision qui écarterait du marché une entreprise qui a fait le choix d’un modèle social durable et innovant […], alors même que le secteur des télécommunications est marqué par le recours, de plus en plus important, à la sous-traitance auprès d’autoentrepreneurs et de travailleurs détachés, notamment dans le cadre du déploiement de la fibre optique. »

Orange n’a pas tardé à se justifier dans un communiqué daté du 10 décembre en expliquant que « Scopelec a reçu plusieurs dizaines de mises en demeure en raison de manquements à la qualité des prestations proposées sur certains territoires ». Dans une interview à La Dépêche du Midi, Patricia Goriaux, directrice Grand Sud-Ouest d’Orange, précise que Scopelec « ne remplissait pas ses engagements contractuels avec des défaillances répétées qui impactaient la qualité de service due [aux] clients » et que malgré ces mises en demeure, « les plans d’actions mis en place par Scopelec n’ont pas permis de rétablir la qualité de service ». Ce qui a conduit Orange à « revoir l’attribution des zones confiées à chacun [des prestataires concernés] ».

Contactée, la direction de Scopelec n’a pas souhaité s’exprimer.