Oracle se détourne d’Intel et, en 2023, va concentrer ses investissements sur les CPU x86 d’AMD, les puces Arm d’Ampere et sur les GPU de nVidia. S’exprimant lors d’un événement d’Ampere en Californie, le fondateur et directeur technique d’Oracle Larry Ellison a déclaré : « Cette année, Oracle achètera des GPU et des CPU à trois sociétés. Nous achèterons des GPU à Nvidia, et nous en achetons des milliards de dollars. Nous dépenserons trois fois plus pour des processeurs d’Ampère et d’AMD. »

Ces investissements visent à supporter différentes initiatives du géant américain des logiciels d’entreprise, dont le chiffre d’affaires a atteint les 50 milliards de dollars sur le dernier exercice. Le fait que le nom d’Intel ne soit pas évoqué témoigne de la remise en cause de sa suprématie sur les puces pour les serveurs de centres de données.

Nvidia a clairement pris l’ascendant pour les GPU, de plus en plus massivement utilisés pour le développement des applications d’IA génératives. Alors qu’Oracle rattrape son retard sur les infrastructures cloud, il investit massivement pour doter son Cloud Gen2 de réseaux rapides qui peuvent exploiter des grappes de milliers de GPU Nvidia.

Concernant les serveurs pour les bases de données, Oracle a déclaré le mois dernier qu’il choisissait les processeurs EPYC de quatrième génération d’AMD pour la douzième génération (X10M) de sa plateforme Exadata. Un tournant alors que la plateforme depuis ses débuts en 2008 avait quasi exclusivement utilisée les processeurs Xeon d’Intel.

Oracle explique sélectionner pour chaque génération de sa plateforme des fournisseurs de composants offrant « les meilleures performances, fiabilité et prix pour les charges de travail Exadata ».

« Nos ingénieurs ont collaboré étroitement avec Oracle pour s’assurer qu’Exadata X10M reposant sur la 4ème génération d’AMD EPYC, avec 96 cœurs par socket, présente une configuration équilibrée permettant une évolutivité quasi linéaire et une efficacité énergétique améliorée pour les workloads de base de données », a déclaré pour sa part AMD.

Un nouveau succès donc pour le concurrent d’Intel dont les parts de marché sur les processeurs x86 pour serveurs ne cessent de progresser. Selon Mercury Research, elles étaient de 18% au premier trimestre 2023 contre 11,6% un an plus tôt.

Enfin, toujours dans le cadre de l’événement Ampere, Oracle a annoncé que sa base de données phare, Oracle Database 19c Enterprise Edition, peut désormais fonctionner sur Arm, avec des processeurs tels que ceux conçus par Ampere.

Oracle approfondit encore sa relation avec Ampere, société fondée en 2017 par Renée James, une ancienne cadre d’Intel, et dans laquelle Oracle a investi des centaines de millions de dollars.

Bien qu’elle nécessite un lourd travail de refonte et d’optimisation logicielle, Oracle voit dans Arm une solution d’avenir, à l’instar d’Apple ou de géants du cloud comme AWS et Microsoft.

« Nous obtenons plus de performances pour un coût considérablement inférieur », a déclaré Larry Ellison, vantant aussi des processeurs plus économes en énergie. Il a aussi déclaré que l’ancienne architecture x86 d’Intel « atteignait sa limite ».

La concurrence devient donc protéiforme pour Intel et les grands acheteurs mondiaux comme Oracle ne se privent pas de faire jouer la concurrence.