Microsoft a dévoilé hier soir aux USA une offre de tablettes à sa marque ciblant à la fois les professionnels et les particuliers. Une offre qui hérite du nom de sa table tactile haut de gamme Surface.

Deux modèles ont été présentés. L’un à base de processeur Intel sous Windows 8 Pro qui, en offrant la compatibilité avec les applications métier existantes, vise plutôt le marché professionnel. Et l’autre, architecturé autour d’une puce ARM et tournant sous Windows RT, la déclinaison ARM de son OS vedette, qui vise plutôt le grand public. S’ils sont tous deux équipés d’un écran 10,6 pouces et d’un clavier-protège écran, le second est plus léger (676 grammes au lieu de 903 grammes) et plus mince (9,3 mm au lieu de 13,5 mm) que le premier.

Microsoft n’a pas divulgué de prix ni de date de disponibilité, se contentant d’indiquer que la version ARM serait disponible au moment du lancement de Windows 8 (vraisemblablement au cours de l’automne) et que la version Windows 8 serait disponible 90 jours plus tard.

Cette annonce pose évidemment de nombreuses questions, à commencer par celle de la distribution : Microsoft a évoqué une distribution via ses magasins en propre aux USA et ses sites Web mais n’a pas spécifié de canal de distribution particulier. On peut toutefois imaginer qu’il passera par son canal de distribution habituel, confiant la version ARM à ses partenaires retail (notamment ceux déjà impliqués dans la commercialisation de la Xbox), et réservant la version Intel à ses partenaires BtoB traditionnels. Ses partenaires impliqués dans la distribution et le développement d’applications pour sa table Surface pourraient même devenir son fer de lance dans la conquête des entreprises. Les partenaires concernés sont en tout cas convaincus du succès des tablettes Microsoft et comptent bien décliner l’expertise déjà acquise sur la table.

Autre interrogation : Microsoft ne va pas seulement concurrencer Apple mais risque de faire de l’ombre à ses partenaires OEM habituels qui ont déjà lourdement investi dans leurs propres plates-formes sous Windows 8 et Windows RT. Pour le cabinet Analisys Mason, « l’arrivée de Microsoft sur ce marché des tablettes est le signe que les grands constructeurs ont déjà perdu la partie face à l’iPad. Représentant moins de 10% de parts de marché cumulée, Microsoft peut se permettre de perdre leur soutien sur ce marché ».

Enfin, chacun s’interroge sur les chances de réussite de l’éditeur sur un marché sur lequel plusieurs ténors de l’IT, tels HP ou Cisco, se sont déjà cassé les dents. Certes, ce n’est pas la première incursion de Microsoft dans le domaine du matériel mais ses tentatives ont jusque là été peu concluantes. Si la Xbox et la Kynect ont connu le succès, Le MP3 Zune et le téléphone Kin ont été des échecs retentissants.

Toutefois, Microsoft pourrait marquer des points en reprenant l’approche intégrée hard-soft d’Apple. Mais pour rivaliser avec ce dernier, il lui faudra vraisemblablement « se mettre à construire aussi des ordinateurs », estime George Colony, pdg de Forrester, cité par LaTribune. Pour se doter des compétences nécessaires, ce dernier va même jusqu’à parier que Microsoft finira par racheter Nokia. À moins que l’éditeur ne voit cette incursion dans le hardware comme une stratégie de transition et ne décide, une fois le succès de sa tablette acquis, de transférer l’équipe à l’orgine de sa conception à un constructeur partenaire.

Les tablettes Microsoft pourrait également profiter de l’immense base installée d’applications métier sous Windows que les entreprises tardent à convertir sur iPad. Reste à voir dans quelle mesure ces applications seront migrables sur le nouvel OS Microsoft.