« La réparation est essentielle pour mettre fin au modèle du ‘prendre, fabriquer, casser et jeter’ qui est si nocif pour notre planète, notre santé et notre économie », a déclaré Frans Timmermans, l’ex-vice-président exécutif du Green Deal européen de l’Union Européenne.

Sur le terrain, est-ce si simple à mettre en œuvre ? Nous nous sommes rendus dans un atelier de réparation nantais qui fait ce qu’Apple ne veut pas faire – de la micro-soudure et de la réparation de carte mère – pour nous entretenir avec son fondateur, Rémy Loviton.

Channelnews : Depuis quand existe Lovitech et qu’est-ce qui vous a motivé à fonder cet atelier ?

Rémy Loviton : J’ai lancé cet atelier de réparation de MacBooks, iMac et consoles en 2019. De Couëron, Lovitech a ensuite déménagé sur l’île de Nantes en 2022.

Auparavant, j’étais un ingénieur CVC (chauffage, ventilation, climatisation). En 2017, j’ai acheté mon premier Mac et découvert l’écosystème d’Apple. J’ai vu l’opportunité de réparer des Macs en tant qu’indépendant puisque les centres agréés proposaient des réparations couteuses, le plus souvent avec remplacement de pièces. En effet, tout est soudé sur carte électronique à présent. Par exemple, sur un MacBook Air, vous ne pouvez pas ajouter de la RAM simplement à l’occasion d’une réparation : la mémoire vive est soudée. C’est à se demander si l’appareil est bien à la personne qui l’a acheté ou s’il n’appartient pas toujours au fabricant.

Channelnews : Pourquoi les centres agréés Apple ne réalisent pas les prestations de micro-soudure que vous proposez ?

Rémy Loviton : La politique d’Apple a changé avec les années. Aujourd’hui, un réparateur agréé Apple est plutôt un monteur de pièces. Les centres agréés doivent commander les pièces de rechange auprès d’Apple aux prix imposés par le fabricant. Comme les réparateurs agréés sont souvent aussi des vendeurs, ils peuvent pousser à acheter des équipements neufs.

Channelnews : Que pensez-vous du programme d’auto-réparation récemment lancé par Apple ?

Rémy Loviton : Ca m’a plutôt l’air d’un écran de fumée parce qu’Apple a ressenti de la pression marketing et politique. L’écart de prix n’est pas grand entre une réparation effectuée par un réparateur agréé et le coût de la location du kit par un particulier. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un s’embêterait à passer du temps à bidouiller son Mac, sans garantie de fonctionnement derrière. En plus, la sérialisation des pièces par Apple a rendu les réparations fastidieuses.

De notre côté, nous avons mis en place une garantie de six mois après réparation pour bien nous démarquer. Apple ne propose qu’une garantie de trois mois.

Channelnews : Qui sont vos clients ?

Rémy Loviton : 70% sont des particuliers et 30% des professionnels, y compris des réparateurs qui ne font pas de micro-soudure et qui ont des longs délais de commande de nouvelles cartes mères. Nos clients sont des inconditionnels d’Apple pour la plupart. Parfois, ils ont plusieurs Mac à la maison qui ne fonctionnent plus après quelques années. Ils nous découvrent à l’occasion d’une réparation sur un équipement assez récent et reviennent avec leurs anciens Macs pour voir ce que nous pouvons leur proposer. En effet, les diagnostiques de l’atelier sont gratuits.

Quand quelqu’un vient nous voir pour nous demander une réparation, c’est avant tout pour l’aspect économique. Mais la volonté de prolonger la durée de vie de son équipement est aussi bon pour la planète. L’an dernier, nous avons effectué 880 réparations environ.