Le quotidien Le Monde nous apprend que le syndicat CFE-CGC/UNSA d’Orange s’inquiète du sort d’Orange Tunisie. La filiale de l’opérateur, qui emploie 1.100 personnes en Tunisie, est en fait une co-entreprise détenue majoritairement par la société Investec, propriété de Marwan Mabrouk, gendre du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Marwan Mabrouk, qui possède 51% du capital, préside d’ailleurs la société. Or, d’après certaines sources, il serait en fuite. Pour son porte-parole au contraire, il est toujours en Tunisie où il dirige ses affaires. Ce dernier insiste sur le fait que Marwan Mabrouk a épousé Cyrine Ben Ali, issue d’un premier mariage de Ben Ali et n’est donc pas un rejeton du clan Trabelsi, particulièrement haï dans le pays.

Quoi qu’il en soit, la situation reste assez délicate pour l’opérateur historique français, lequel a décroché en juin 2009 une licence accordée par l’état tunisien à la condition de créer une joint-venture avec des investisseurs autochtones, et de débourser les 130 millions d’euros nécessaires pour obtenir le précieux document.

La directrice de la communication de France Telecom, Béatrice Mandine, a confirmé à l’AFP que l’absence de Marwan Mabrouk, si elle se vérifiait, plongerait l’opérateur dans un vide juridique. Elle a estimé que la présidence d’Orange Tunisie devait dans tous les cas être assurée par un représentant de l’actionnaire majoritaire.

Lors du lancement des activités mobiles, fixes et Internet dans le pays, le président de France Telecom, Didier Lombard, s’était déclaré «  heureux de s’associer à Marwan Mabrouk pour bâtir le premier réel opérateur convergent de Tunisie », avant d’insister sur « la qualité et l’intensité des liens historiques, culturels et économiques tissés entre la Tunisie et la France ». Des paroles qui résonnent étrangement aujourd’hui.

A la suite des derniers évènements,Orange a déclenché un plan de crise afin de protéger ses salariés dans le pays et de permettre à ses clients tunisiens (l’opérateur en revendique 800.000) de bénéficier des mêmes services qu’en temps normal. Par ailleurs des équipes supplémentaires ont été mobilisées dans l’Hexagone afin de pallier aux défaillances des centres d’appels tunisiens de l’opérateur, soumis au couvre-feu. Un couvre-feu cependant allégé depuis mardi.