Le financement d’activités de développement économique par la France au Maroc fait scandale. Selon le Munci, elle encourage l’offshoring dans les services (notamment IT) et donc la délocalisation.


C’est l’association professionnelle IT Munci qui vient de lever le lièvre. À l’occasion du dernier Forum économique maroco-français le 12 décembre dernier, l’Agence Française de Développement (AFD) a annoncé l’occtroi d’un prêt de 150 M€ à MEDZ, société marocaine spécialisée dans le développement économique et touristique. Sur ces 150 M€, les deux tiers sont destinés au refinancement d’une des filiales de MEDZ, Casanearshore. Cette entreprise a développé un parc d’activité nearshore à proximité de Casablanca, regroupant une centaine d’entreprises (dont Gfi, Steria, Telindus, Atos…) et employant environ 20.000 personnes (à 80% dans des centres d’appels mais également dans les services informatiques).


Une information qui a fait évidemment bondir le Munci, qui s’étonne de voir la France financer l’offshoring au Maroc et donc la délocalisation. Le plus étrange, c’est la justification que donne le gouvernement de cet accord. Dans un discours du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, prononcé devant la communauté française le 13 décembre, il a défendu le concept de colocalisation. Une démarche présentée comme « gagnant-gagnant ». Son raisonnement : « les emplois créés [(délocalisés)] au Maroc par les grands groupes français [créeraient] de la valeur en France en renforçant les capacités [desdits groupes] à investir en R&D ». Un raisonnement pour le moins alambiqué qui ne convainc guère.


Le Munci rappelle, dossier à l’appui, que l’offshore au Maroc est souvent synonyme de dumping fiscal, d’incertitudes sur la protections des données et de conditions de travail au rabais.