La crise a entraîné une explosion des procédures de recouvrement et l’informatique fait partie des deux secteurs les plus exposés. Tel est le constat du service de recouvrement de créances en ligne Rubypayeur, qui vient de faire paraître une étude sur l’impact de la crise sur les délais de paiement des entreprises. Une étude réalisée sur la base de l’ensemble des dossiers (créanciers/débiteurs) traités par Rubypayeur sur la période du 1er février au 30 juin 2020, soit un total de 4.000 entreprises.
Rubypayeur met ainsi en évidence une très forte augmentation du nombre de procédures de mise en recouvrement depuis le confinement par rapport au niveau d’activité normal (mois de février). Le pic a été atteint en avril, avec une multiplication par 8 du montant que les entreprises ont mis en recouvrement. Depuis le déconfinement et la reprise de l’activité, la situation tend à s’assainir mais le volume de mise en recouvrement reste à ce jour six fois plus élevé qu’en période normale.
C’est tout à fait sciemment que les entreprises ont refusé de régler leur facture à leurs créanciers durant la crise sanitaire, estime Rubypayeur, qui parle de rétention de trésorerie. Entre février et avril, Rubypayeur constate ainsi un écroulement du taux de succès des paiements en phase amiable (30% vs 80% en temps normal). Depuis la reprise d’activité, la rétention de trésorerie a nettement diminué mais elle reste tout de même à un niveau 20% plus élevé qu’en période normale.
Autre phénomène mis en évidence par Rubypayeur : la perte de confiance inter-entreprises. « Jusqu’en mars 2020, les entreprises attendaient en moyenne 118 jours pour faire appel au service de recouvrement de Rubypayeur, explique ce dernier dans son étude. Ce délai extrêmement important traduit à la fois un certain dilettantisme des entreprises françaises dans le recouvrement mais aussi, de manière plus positive, la confiance qu’elles s’accordent entres-elles ».
Dès mars 2020, ce délai a été divisé par deux, les entreprises n’attendant plus que 60 jours pour faire appel au service recouvrement. Au pic de la défiance durant le mois d’avril, les entreprises lançaient des procédures de recouvrement 10 jours à peine après l’échéance de leur facture. Depuis le déconfinement, le nombre de jour avant la mise en recouvrement remonte lentement mais, à 65 jours actuellement, il reste deux fois moindre qu’en temps normal.
Enfin, deux secteurs souffrent particulièrement des impayés, constate Rubypayeur : le conseil et le secteur de l’informatique, qui représentent respectivement 20,81% et 16,18% des entreprises enclenchant des procédures de mise en recouvrement. Ayant du mal à se faire payer, ces deux secteurs font logiquement partie du top 4 des entreprises ayant le plus de mal à honorer leurs factures (respectivement 7,66% et 5,8%). « Deux secteurs au sein desquels évoluent de nombreux indépendants et TPE qui sont aujourd’hui particulièrement fragiles en termes de trésorerie », analyse Rubypayeur.