D’après le sixième rapport du GIEC, dont le premier volet est publié aujourd’hui 9 août, le nombre de changements climatiques relevés dans chaque région du globe est sans précédent depuis des milliers, voire des centaines de milliers d’années. A moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre (GES), la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 °C, ou même à 2 °C, sera hors de portée.

« Ce rapport nous confronte à la réalité », déclare Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail I du GIEC, dans un communiqué. « Il est clair depuis des décennies que le climat de la Terre change, et l’incidence des activités humaines sur le système climatique est incontestable. »

Selon le rapport, les changements climatiques s’accentueront dans toutes les régions au cours des prochaines décennies. Dans le cas d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, les vagues de chaleur seront plus nombreuses, les saisons chaudes plus longues et les saisons froides plus courtes. Avec une hausse de 2°C, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent des seuils de tolérance critiques pour l’agriculture et la santé publique.

L’évolution du climat entraîne d’autres modifications concernant l’humidité et la sécheresse, les vents, la neige et la glace, les zones côtières et les océans. Ainsi, selon le rapport du GIEC :

  • Le changement climatique intensifie le cycle de l’eau. Résultat : des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent, et des sécheresses plus intenses dans de nombreuses régions.
  • Il modifie la répartition des pluies : augmentation aux hautes latitudes, baisse dans les régions subtropicales. Les pluies de mousson varieront d’une région à l’autre.
  • Les zones côtières seront confrontées à l’élévation du niveau de la mer tout au long du XXIe siècle, d’où l’érosion du littoral. Les épisodes de niveaux marins extrêmes qui survenaient une fois tous les 100 ans pourraient se produire tous les ans d’ici à la fin du siècle.
  • La poursuite du réchauffement amplifiera le dégel du pergélisol et la perte de manteau neigeux saisonnier, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires et la diminution des glaces de mer arctiques en été.
  • Les changements dans l’océan, dont le réchauffement, la fréquence accrue des vagues de chaleur marines, l’acidification et la baisse de la teneur en oxygène, ont été clairement reliés aux activités humaines. Ils affectent les écosystèmes marins, aussi bien que les populations qui dépendent de ceux-ci, et ils se poursuivront au moins jusqu’à la fin de ce siècle.
  • Il est possible que certains aspects du changement climatique soient accentués dans les villes, notamment la chaleur (les milieux urbains étant souvent plus chauds que les zones environnantes) et, dans les villes côtières, les inondations dues à de fortes précipitations et à l’élévation du niveau de la mer.

Toutefois, des réductions fortes et soutenues des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre limiteraient le changement climatique. « Il faudra, pour stabiliser le climat, procéder à des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre et ramener à zéro les émissions nettes de CO2. La limitation des autres gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques, en particulier le méthane, pourrait être bénéfique pour la santé publique comme pour le climat », précise Panmao Zhai, coprésident du Groupe de travail I du GIEC. La qualité de l’air en bénéficierait rapidement mais la stabilisation des températures mondiales pourrait encore prendre 20 à 30 ans.

Le résumé pour les décideurs, de 30 pages, est disponible ici.