Oracle a semé le trouble chez ses clients en introduisant fin janvier un nouveau modèle de tarification pour la licence Java Standard Edition (Java SE). A une tarification basée sur le nombre de processeurs physiques sur lesquels Java est exécuté, Oracle passe à une tarification basée sur le nombre total d’employés de l’entreprise. « Employés » étant de plus définis au sens large puisque intégrant les employés à temps plein, à temps partiel, les agents temporaires, ainsi que les sous-traitant et consultants.

Le prix de la nouvelle licence est dégressif, avec un tarif de départ de 15 dollars par mois et par employé pour les entreprises de moins de 1000 employés et qui descend à 5,25 dollars par employé sur la tranche 40 000 à 49 999 employés. Avec l’ancienne grille, un client était facturée 25 dollars par mois par processeur, plus 2,5 dollars par mois pour les postes de travail utilisant Java SE. Depuis que la nouvelle grille est publiée, les clients et les partenaires Oracle font leurs calculs.  Et constatent une forte augmentation des factures.

House of brick, un fournisseur de services cloud, a livré à nos confrères de CRN une simulation pour une entreprise de 250 employés. Dans un scénario où tous sont utilisateurs de Java, la facture fait plus que doubler en passant de 22 000 à 45 000 dollars par an. Mais si cette même entreprise a une faible empreinte Java (20 utilisateurs), elle passe de 3000 à 45 000 dollars, soit une augmentation de 1400%. Faire payer tous les employés d’une entreprise « n’a tout simplement pas de sens », dénonce le fournisseur.

Oracle défend le nouveau modèle en déclarant qu’il « n’est plus nécessaire que les clients d’entreprise comptent chaque processeur, ordinateur de bureau ou utilisateur nommé qui peut utiliser l’abonnement. L’autorisation d’utilisation est universelle sur les postes de travail, les serveurs et l’infrastructure cloud ». Le groupe précise aussi qu’il n’est imposé qu’aux nouveaux clients, les anciens pouvant choisir de renouveler leur contrat selon les conditions existantes ou de basculer sur le nouveau modèle.

Ce changement de règles et la complexité induite par l’ajout d’une nouvelle grille renforcent en tout cas les partenaires dans leur rôle de conseil et d’accompagnement. House of Brick conseille ainsi aux clients d’évaluer les applications d’entreprises qui utilisent Java et voir s’il est possible d’utiliser OpenJDK, qui est gratuit, au lieu de Java SE.

Mais un autre point de vigilance est celui du support. Miro Consulting, un autre partenaire Oracle interrogé par CRN, fait remarquer que certains de ses clients hésitent à s’orienter vers une option open source de peur de perdre le support de mise à jour et de vulnérabilités de sécurité potentielles.

Les partenaires pourraient donc apporter la démonstration de leur valeur en aidant leurs clients à évaluer les meilleures options. Mais ils s’inquiètent aussi de ce mauvais signal envoyé par Oracle qui pourrait rendre les clients plus précautionneux sur le reste de l’offre du fournisseur, notamment ses licences cloud.