La filiale française d’Ikea et certains de ses anciens dirigeants sont accusés d’avoir espionné illégalement des centaines de salariés entre le début des années 2000 et 2012. Ils ont collecté des données liées au train de vie, aux antécédents judiciaires ou encore au patrimoine d’employés, de candidats à l’embauche et de clients.
L’organisation de ce « système de surveillance » a eu lieu par l’intermédiaire d’Eirpace, une société « en conseil des affaires » dirigée par l’ex-RG Jean-Pierre Fourès, qui a extrait les données confidentielles de fichiers de police.
Hier, mardi 15 juin, la filiale française de la société spécialisée dans la vente de mobilier en kit a été condamnée à une amende de 1 million d’euros pour recel de données à caractère personnel. Son ancien PDG, Jean-Louis Baillot, a reconnu ce « contrôle de masse » : il écope de deux ans de prison avec sursis et à une amende de 50.000 euros. Son ancien directeur de la sécurité, Jean-François Paris, est condamné à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d’amende tandis que Dariusz Rychert, directeur financier de la filiale de 2009 à 2014, est condamné à un an d’emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d’amende. Quant à M. Fourès, il hérite de deux ans de prison avec sursis et de 20.000 euros d’amende.
Ce premier procès français lié à la collecte illégale de données s’est tenu dans les Yvelines et a réuni plus de 70 parties civiles qui seront, dans la majorité, indemnisées par des dommages et intérêts allant de 1.000 euros à 10.000 euros.
Ingka Group, la société holding qui rassemble 90% des franchises Ikea, a assuré prendre « très au sérieux la protection des données des salariés et des clients ».
« Le tribunal a pris en considération les efforts faits par Ikea France » depuis la révélation de cette affaire en 2012, notamment « la restructuration de sa gouvernance » et « la création d’un comité éthique », a estimé Me Emmanuel Daoud, l’avocat d’Ikea France, auprès de l’agence de presse AFP. Il a précisé que l’entreprise avait pris acte de la décision du tribunal de Versailles et n’avait pas décidé de faire appel de sa condamnation.