Selon l’analyste Toni Sacconaghi de Bernstein Research, la valorisation réduite de Xerox et la nécessité de maintenir de la croissance pourraient motiver HP à envisager l’acquisition de son concurrent dans l’industrie de l’impression. Une suggestion qui ne manque pas d’ironie quand on se rappelle le raid manqué de Xerox contre la société de Palo Alto.

Dans une note aux investisseurs consultée par CRN, qui rapporte l’information, l’analyste reconnaît qu’il n’est pas sûr que les actionnaires de HP accepteraient une telle acquisition, étant donné les difficultés du secteur de l’impression. Il met toutefois en avant le fait que le CEO de la société, Enrique Lores, a précédemment indiqué qu’il était uniquement opposé aux termes de la proposition de Xerox et non au concept d’une fusion avec son concurrent. Rappelons que c’est le Covid-19, qui se propageait alors de manière significative aux États-Unis plongeant Wall Street dans le rouge, qui avait poussé Xerox a mettre fin à son offre hostile en mars 2020.

Toni Sacconaghi met en avant trois raisons qui pourraient pousser HP à faire une offre. Tout d’abord, les deux entreprises ont connu des fortunes très différentes pendant la pandémie. Alors que l’activité de HP a augmenté grâce au boom de la demande d’ordinateurs et d’imprimantes domestiques, Xerox a connu des difficultés en raison de sa concentration sur le marché des imprimantes et copieurs de bureau. Ainsi, depuis l’offre publique d’achat initiale de novembre 2019, la capitalisation boursière de Xerox a chuté de 43%, à 4,58 milliards de dollars tandis que celle de HP a augmenté de 34% pour atteindre 36,46 milliards de dollars, a noté l’analyste.

De plus, HP pourrait potentiellement acquérir Xerox avec une prime de 30% en s’appuyant sur 5 milliards de dollars de dette, ce qui ajouterait de 500 à 600 millions de dollars au flux de trésorerie disponible annuel de la firme de Norwalk. A cela s’ajouterait encore la création de synergies entre les deux entreprises évaluées à un milliard de dollars estime Toni Sacconaghi, sans oublier un effet relutif.

Enfin, l’arrivée de Xerox « catapulterait » HP dans la position de leader de l’impression A3.

Actuellement, HP enregistre une forte croissance dopée par la vente de PC grand public et, ce qui est nouveau, de PC professionnels ; sans oublier un coup de pouce de l’ensemble de ses activités impression. L’analyste s’interroge toutefois sur ce qui se passera de « l’autre côté de la pandémie », une fois que le boom du « tout à la maison » prendra fin. Le désir de poursuivre la croissance actuelle pourrait selon lui accroître la probabilité d’une telle opération.

Cela dit, l’analyste vedette avait envisagé en 2016 une cession d’HPE, envisageant comme acquéreur potentiel un fonds d’investissement. « Nous notons que la CEO Meg Whitman est à la tête d’HPE depuis six ans, qu’elle vient d’avoir 60 ans et à de longue date un intérêt pour la politique. Une vente d’HPE peut représenter pour elle un coup final attrayant », avait-il indiqué. Meg Whitman avait conservé son poste jusqu’au 31 janvier 2018, passant le flambeau au directeur général de l’Enterprise Group du constructeur, Antonio Neri. Quant à la cession, plus personne n’en désormais.