La loi destinée à empêcher le téléchargement illégal est attaquée sur différents fronts. Par le site Pirate Bay, qui propose un produit rendant anonymes les adresses IP, et à nouveau par les eurodéputés.

 

La riposte graduée, qui devrait à nouveau être discutée à l’assemblée nationale à partir du 31 mars, risque d’être obsolète avant son application. Ainsi, le Parlement Européen vient de voter ce jeudi un texte dans lequel il affirme que « garantir l’accès de tous les citoyens à Internet équivaut à garantir l’accès de tous les citoyens à l’éducation ». Par conséquent, les gouvernements et les entreprises privées qui entravent cet accès violent le droit à l’éducation.

 

Le Parlement a ainsi montré à nouveau son opposition à la loi Hadopi et aux projets similaires qui fleurissent un peu partout, notamment en Irlande (la Grande-Bretagne ayant fait machine arrière). Le rapporteur grec du texte a estimé que « l’illettrisme informatique était l’illettrisme du 21ème siècle ». Notons que ce texte a été voté à une écrasante majorité, toutes tendances politiques confondues, 481 députés ayant voté pour, 25 contre, 21 s’étant abstenus.

 

Les parlementaires avaient déjà voté au mois de septembre dernier un amendement au « Paquet télécoms », allant dans le même sens. Amendement qui avait été retiré par le conseil des ministres des télécommunications européens, alors présidé par la France.

 

Cette nouvelle « impertinence » des eurodéputés intervient quelques jours après que la secrétaire d’État à l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet ait déclaré dans un entretien au Figaro que la loi « n’épuisait pas la question du modèle économique d’Internet ».

 

La parade de Pirate Bay

 

Si, malgré l’opposition de certains députés de la majorité, le texte franchit le barrage de l’Assemblée Nationale, il n’est pas sûr qu’il puisse être mis en œuvre sans encombre. En effet, la plate-forme suédoise d’échange de fichiers torrents, Pirate Bay, va proposer à partir du 1er avril, iPredator, un service empêchant de remonter à la source des téléchargements. Pour 5 euros par mois, les internautes pourront jouir d’un parfait anonymat grâce à un réseau privé virtuel (VPN).

 

Bien entendu, les autorités françaises, ne manqueront pas de réagir pour s’opposer à ce service. D’autant que Pirate Bay est déjà interdit au Danemark et en Italie et que ses fondateurs sont poursuivis par la justice suédoise.

 

Quoi qu’il en soit, cela prouve que les parades existent. Si iPredator se retrouve hors circuit, d’autres solutions, sans doute plus discrètes, verront le jour. Contrer Hadopi pourrait même devenir un jeu pour les hackers.