Le DG de Fujitsu France Benjamin Revcolevschi et le responsable  de Techshop en France, Christophe Raillon, présentaient la semaine dernière le plus grand FabLab de France avec près de 2000 m2 d’ateliers à Ivry.

Au-delà des habituelles imprimantes 3D des FabLabs qui existent déjà dans certains quartiers de Paris, Leroy Merlin propose des ateliers autour des différents usages du bois du métal, du tissu, du plastique et de l’informatique avec une emphase particulière autour de l’internet des Objets. L’antre qui se situe à Ivry sur Seine contient plus d’une centaine de machines pour une valeur totale de plus d’un million d’euros.

Une véritable caverne d’Alibaba pour les bricoleurs passionnés.

Cela va de la machine-outil pour découper de l’acier de 12 cm d’épaisseur à la fraiseuse 3D CNC en passant par le laser pour découper différents matériaux comme le tissu ou les plastiques. Leroy Merlin a passé un accord de formation et d’échanges de savoir-faire avec la structure Techshop, une firme de San Francisco issue du mouvement Maker. A la base du mouvement californien qui a déjà plus de douze ans d’existence, le besoin de bricoler à plusieurs et de partager ses découvertes souvent liées à l’informatique embarquée. C’est un professeur en robotique, nommé Jim Newton, qui est la base du projet et des manifestations maker. Le mouvement s’est exporté en Europe et l’an passé, ce sont près de 35 000 personnes qui avaient visité l’exposition parisienne organisée par la ville de Paris. Interrogé sur les motivations qui avait poussé Leroy Merlin à créer cet immense atelier, Christophe Raillon précisait que la direction de la firme suivait de près toutes les tendances, le service et les pratiques autour de l’économie collaborative dans laquelle le bricolage était omniprésent.

« La direction de Leroy Merlin s’est déplacé sur  les manifestations maker et à suivi ces innovations » ajoute Christophe Raillon. « On le voit bien sur internet, les vidéos de bricolage sont les plus partagées, les gens ont envie de réparer leurs objets cassés et de prendre en main des outils qui puissent leur faire gagner du temps. A San Francisco, les premières personnes impliquées cherchaient seulement à partager un atelier pour payer la location et financer l’achat de machines-outils pour le bois; ils en sont venus à louer leurs ateliers ». Les TechShops se sont multipliés sous la forme de franchises sur la planète. Ils sont basés sur de grands espaces (souvent plus de 1500 m²) dont le principe fondateur est de rendre accessible et à bas coût tout un ensemble de machines, d’outils et d’équipements dédiés à la fabrication personnelle.

Séduire une population de créateurs originaux

Les TechShops s’adressent aux inventeurs, aux bricoleurs, aux entrepreneurs, aux artistes, aux designers, etc. qui ne disposent pas d’ateliers de fabrication, de matériels, voire des compétences nécessaires pour réaliser leurs projets. « On est dans le Do it Yourself, le faites le vous-mêmes. Souvent les gens ont simplement besoin qu’on leur montre et ils deviennent de vrais passionnés. Ici on a déjà des artistes, des étudiants qui développent des projets exceptionnels et c’est déjà un lieu de créativité remarquable. Les gens échangent leurs idées et peuvent déjeuner sur place », ajoute le responsable de l’atelier. D’un point de vue informatique, Fujitsu qui aide aussi les techshop américaines fournit une cinquantaine de stations de travail avec des logiciels de dessin d’Adobe et d’Autodesk. Une demi-douzaine d’imprimantes 3D sont présentes et l’on trouve aussi des presses de thermo formage pour aller plus loin, bien au-dela du simple prototype 3 D.

Un moyen de suivre ses clients de près

Pour Fujitsu, l’expérience française suit celle des Etat-Unis.  » Cela va dans le sens de notre approche « human centric », c’est aussi une manière de suivre au plus près nos clients de la grande distribution. On travaille de manière proche avec le groupe Mulliez et là pour la facturation on a créé des applications à base d’open source qui n’existaient pas ailleurs. C’est un laboratoire exceptionnel « , poursuit Benjamin Revcolevschi ( photo).

Pour rentabiliser l’ensemble, la techshop propose ses services pour 50 euros la demi-journée par semaine ou 180 euros par mois si l’on veut avoir un accès à plein temps. Pour disposer des machines les plus imposantes, une formation de 2, 5 ou 4 heures est nécessaire pour 24 euros de l’heure. Ce n’est pas tout à fait donné, mais si l’on cherchait à louer ces machines, ce serait 4 fois plus. Installé sur les quais de Seine à Ivry près de l’un de ses magasins les plus fréquentés, on aurait pu imaginer que cet atelier soit une incitation directe à se fournir en matériel, dans les locaux à proximité, mais ce n’est pas tout à fait le cas. » Bien sûr si les gens vont chez Leroy Merlin, précise Christophe Raillon, c’est bien pour nous, mais là, il s’agit d’étudier les comportements et comment évoluent les manières dont les gens utilisent tous ces outils. Le mouvement Maker a un effet révélateur sur les utilisateurs. Les utilisateurs sont fiers d’avoir pu créer un objet et lorsqu’ils vont l’offrir cela leur donne une forme de confiance. » En observant les passionnés qui viennent se familiariser avec les différentes machines on ne peut que se poser des questions sur l’actuelle séparation qui existe entre le travail intellectuel et le travail manuel dans les lycées et les universités. Avec ce mouvement la réalité reprend le dessus et la créativité trouve immédiatement des débouchés. Interrogé sur les objectifs poursuivis derrière cet atelier, Cedric Huellou nous a répondu : “On n’a pas d’autre objectif que d’écouter et d’apprendre, on est humbles et on veut suivre les tendances et tenter de comprendre les motivations de chacun. On apprend en travaillant comme on dit dans le mouvement maker, il faut se tromper plusieurs fois pour s’améliorer. Fabriquer un meuble avec une machine 3D à partir d’un dessin sur autocad, c’est possible. On a déjà eu des ateliers et un camion avec des machines. On voit que les gens qui bricolent se passionnent pour ce type de sujet. Notre objectif est de favoriser la création de communautés où les gens s’entraident et se forment mutuellement. C’est une forme d’économie collaborative ». Pour ceux qui se posent des questions sur l’intérêt d’une imprimante 3 D, on peut suivre uen formation de 2 heures pour 48 euros. Du côté des objets électroniques la formation de 2 heures et demie à 70 eurs permettra de mieux connaître les bases pour exploiter les plateformes Arduino.

 

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