Nokia et Alcatel-Lucent ont confirmé ce matin être en négociations avancées en vue d’un rapprochement. Ce serait Nokia qui prendrait le contrôle d’Alcatel-Lucent via une offre publique d’échange. Bien que réalisant le même chiffre d’affaires que Nokia (12,7 Md€), Alcatel-Lucent est deux fois moins valorisé en bourse à près de 13 Md€ (contre plus de 26 Md€ pour Nokia). La conséquence de la fusion ratée entre Alcatel et Lucent en 2006 qui a mené le groupe au bord de la faillite en 2012.

Recentré sur les cœurs de réseaux Internet et les technologies IP sous la houlette de son actuel patron Michel Combes, le groupe a renoué avec la profitabilité au dernier trimestre (après neuf années de pertes) mais reste encore en convalescence. À contrario, Nokia, débarrassé de son activité téléphonie mobile, a achevé son redressement et dispose de plus de 5 Md€ en cash.

Le nouvel ensemble pèserait 26 milliards de dollars de chiffre d’affaires et atteindrait une taille proche de celle des deux actuels leaders mondiaux des équipements télécoms, Ericsson et Huawei, avec un portefeuille d’activités diversifié réparti entre équipements cœur de réseaux fixes et réseaux mobiles. Au passage, Nokia renforcerait sa position en Chine et aux USA, où il récupérerait les contrats avec Verizon et AT&T, les deux principaux opérateurs américains.

Une opération qui a apparemment le soutien des pouvoirs publics français qui y voient l’opportunité de constituer un champion européen des télécoms. Les dirigeants des deux groupes ont été reçus dans l’après-midi par François Hollande. À la suite de quoi, Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, a assuré que le gouvernement avait eu «?tous les engagements de la part de Nokia?[…]?qu’il n’y aura aucune destruction d’emplois en France?». Nokia devrait même faire de la France le principal centre de recherche et développement du futur groupe.

Cela n’a pas suffit à convaincre les syndicats, qui ont encore en mémoire les 12.000 suppressions d’emploi qui avaient suivi la fusion avec Lucent, et qui s’inquiètent dans un communiqué « des conséquences sur l’emploi au vu des redondances, au niveau mondial, d’activités, de produits et de métiers entre les deux entreprises de plus de 50.000 salariés chacune?».