Le géant américain du conseil avait attiré le cabinet Talman devant les tribunaux, reprochant à ce dernier d’avoir copié sa méthodologie. La justice a tranché : il n’y a pas de méthodologie propriétaire.
En juillet 2009 les filiales françaises et suisses d’Accenture ont intenté un procès en contrefaçon et concurrence déloyale à l’encontre de Talman, un petit cabinet de conseil parisien spécialisé dans les ressources humaines et l’intégration des systèmes d’information dans l’entreprise. Les deux entités reprochaient à ce dernier de présenter sur son site Internet une copie approchante bien que différente de leur méthodologie de conseil aux entreprises dénommée ADM ou encore BIM.
Cette action provoquait une certaine incompréhension chez les dirigeants de Talman dans la mesure où peut de temps auparavant Accenture leur avait demandé d’ôter la page litigieuse du Web, sous menace de poursuites judiciaires, ce qu’ils avaient aussitôt fait.
Le tribunal vient de rendre son jugement et il n’est pas favorable au géant américain (mais domicilié en Irlande pour raisons fiscales).
Selon les juges, il est impossible « de déposer des méthodologies ni aucun nom s’y rapportant en France et aux Etats-Unis, car elles ne constituent que des idées abstraites. »
Reconnaître l’existence de tels droits reviendrait en fait à empêcher les petites structures et les consultants indépendants à réaliser leurs missions, ou à payer des licences aux majors.
Par ailleurs, la plupart des méthodologies projets utilisées s’inspireraient en fait des travaux du Project Management Institute (PMI).
Pour le dirigeant de Talman, Arnaud Bailleul, Accenture a intenté un procès à sa société pour se faire reconnaître par la justice française des droits que la voix légale de dépôt ne permet pas d’obtenir. Cette attaque devant les tribunaux avait, selon le dirigeant, un autre but encore moins avouable : soutirer les noms de collaborateurs indélicats. Le géant du conseil aurait en effet suspecté certains de ses employés d’avoir transmis au cabinet des informations confidentielles sur ses méthodologies. « C’est parfaitement ridicule. Ces informations sont publiques et se trouvent sur le site et les documents commerciaux d’Accenture », s’indigne Arnaud Bailleul.
Talman a donc obtenu gain de cause, ce qui n’empêchera pas le cabinet conseil d’attaquer à son tour Accenture, au pénal cette fois, pour tentative d’extorsion.