« Les tech leaders de la Silicon Valley – sauf un – sont consternés par l’élection de Trump », titrait mercredi le Silicon Valley Business Journal, rappelant que 150 d’entre eux avaient signé en juillet une lettre ouverte critiquant le programme du nouveau président américain.

Le seule exception citée par nos confrères est Peter Thiel.  L’homme d’affaires américain d’origine allemande cultive les paradoxes. Co-fondateur de PayPal, (revendu à eBay pour 1,5 milliard de dollars), investisseur de LinkedIn, Palantir Technologies, IronPort ou encore Facebook (dont il est administrateur), partisan du libre-échange, militant homosexuel, ce libertarien convaincu a fait un don de plus d’un million de dollars pour la campagne de Trump chantre du protectionnisme et farouche opposant au mariage gay.  C’est donc un original mais qui pèse lourd et est redouté dans la Silicon Valley, laquelle compte de nombreux soutiens du parti démocrate. C’est d’ailleurs une caractéristique partagée par de nombreux patrons de l’IT établis hors de Californie. Quant aux soutiens du Parti Républicain, comme Meg Whitman, ils ont généralement pris clairement leurs distances avec Donald Trump.

Pourtant à première vue, la promesse de ce dernier de réduire de 35% à 10% la taxe sur les rapatriements de fonds depuis l’étranger ne peut que satisfaire des entreprises comme Apple,  Facebook, Google ou Amazon (les fameuses Gafa) qui thésaurisent des dizaines de milliards de dollars en dehors des Etats-Unis.  Mais voilà, il semble que ces Gafa avaient engagé des discussions avec les autorités américaines, discussions qui, même en cas de victoire des Démocrates, auraient vraisemblablement débouché sur une forte réduction desdites taxes.

Mais ce que craint avant-tout le secteur IT US, par essence ouvert sur l’international, c’est une méfiance accrue des entreprises et des consommateurs étrangers envers les sociétés américaines.  Les acteurs du secteur qui ont le plus à craindre sont ceux qui comme Amazon, Google ou Microsoft hébergent les données de leurs clients. On imagine les dégâts que pourraient faire certains services de renseignement US sous la coupe d’un imprévisible Donald Trump.

Reste encore une autre inconnue : quel sera la position du président américain envers les Chinois qui, comme on l’a vu avec le rachat d’Ingram par Tianjin Tianhai, investissent de plus en plus outre-Atlantique ? En 2015, l’empire du Milieu a injecté 17 milliards de dollars dans l’industrie américaine. Une somme qui devrait largement être dépassée cette année.