Solutions 30 a demandé la suspension de sa cotation en bourse. Cette suspension intervient après la mise en redressement judiciaire le mois dernier de trois filiales du groupe : Telima Infoservices (TIS), Telima Professional Services (TPS) et Telima Onsite (TOS). Fortes de 140 salariés et appartenant à l’unité d’affaires du groupe dédiée au secteur IT, elles effectuent des opérations de maintenance et de remise en service de matériels IT sur site dans le cadre de contrats de maintien en condition opérationnelle.

« Ces trois sociétés sont en grande difficulté depuis des années », avait indiqué Nathalie Boumendil, directrice de la communication du groupe. Au cours de leur exercice 2019 (le dernier publié), les trois sociétés avaient fait des pertes conséquentes (représentant jusqu’à 57% du chiffre d’affaires dans le cas de TPS). Sur son exercice 2020, le groupe avait d’ailleurs affiché un recul de 12,5% de son activité IT en France.

Une consultation du personnel des trois filiales concernant des réductions des salaire, organisée par la direction, avait été lancée mi-avril. Ses résultats devaient être connus ces jours-ci et être débattus lors d’une audience au tribunal de commerce fin mai.

L’an dernier, Solutions 30 avait affiché un chiffre d’affaires de 819,3 millions d’euros, en croissance annuelle de 18% et une trésorerie nette de dettes bancaires de 59,2 millions d’euros. Pour le premier trimestre 2021, la société annonçait sans plus de précisions « des revenus en croissance de 19%, une dynamique commerciale et des tendances de marché très favorables et des perspectives de croissance rentable à deux chiffres confirmées ». Cette annonce n’a pas réussi à stopper la chute des cours entamée à la fin de l’année dernière.

La conséquence de la diffusion début décembre d’un rapport anonyme d’une centaine de pages tendant à accréditer l’idée que Solutions 30 serait impliquée dans des transactions s’apparentant à du blanchiment en lien avec le crime organisé, des mouvements de fonds illégaux et des abus de biens sociaux. Malgré les efforts déployés pour se défendre et les explications du groupe de services de proximité, celui-ci faisait ensuite l’objet d’attaques du fonds activiste Muddy Waters qui se déclarait peu convaincu par ces explications.  « Les réponses apportées par Solutions 30 contiennent des faits supposés que nous estimons inexacts et omettent des faits qui, selon nous, devraient être divulgués pour éviter d’induire les investisseurs en erreur », écrivait Carson Block, le patron de Mudy Waters dans une lettre adressée au patron du groupe, Gianbeppi Fortis.

Pour restaurer la confiance et faire toute la lumière sur ces attaques, le conseil de surveillance de Solutions 30 confiait rapidement un audit indépendant aux cabinets Didier Kling Expertises & Conseil et Deloitte. Ces derniers confirmaient le caractère infondé des accusations portées contre le groupe. Les auditeurs formulaient toutefois « des recommandations afin de simplifier et de renforcer certaines procédures internes de la société pour une plus grande transparence et une sécurisation des transactions ».

« Solutions 30 est une entreprise aux fondamentaux solides qui a connu un développement extrêmement rapide depuis sa création. Aujourd’hui, nos ambitions sont intactes. Nous allons accélérer nos efforts de transformation et renforcer nos procédures internes pour conforter notre développement à long terme », réagissait aussitôt Gianbeppi Fortis dans un communiqué. Dans la foulée, un Chief Transformation Officer et membre du directoire était nommé. « Robert Ziegler aura pour mission d’accélérer la mutation et la structuration du groupe en cohérence avec ses ambitions de croissance », précisait un autre communiqué.

Ces contre-attaques et le dépôt d’une plainte pour diffamation à l’encontre du fonds à la fin du mois de janvier dernier n’ont pas réussi à doper durablement le cours. Dans l’attente d’un nouveau communiqué promis par le groupe, ses actionnaires mais aussi ses 15.000 salariés doivent être actuellement sur des charbons ardents.