Suite au non renouvellement en novembre dernier d’une grande partie de ses contrats de sous-traitance avec Orange pour l’installation de la fibre optique, Scopelec se retrouve au pied du mur. « Par un jugement du 17 mars 2022, le tribunal de commerce de Lyon a décidé de placer la société Scopelec SA en procédure de sauvegarde », a indiqué l’entreprise dans un communiqué le 18 mars. Fin mars, 65% de ses contrats avec Orange arriveront à leur terme. La plus grande coopérative coopérative de France avec 3600 salariés devrait ainsi voir son chiffre d’affaires amputé de 40%. « Au premier avril 2022, à moins que la situation n’évolue dans un sens favorable, plus de 1.000 collaborateurs pourraient se retrouver sans activité », alerte la société.

La procédure de sauvegarde est prévue pour maintenir l’activité économique, les emplois et assurer l’apurement des dettes. Depuis 4 mois, l’entreprise dit avoir cherché sans relâche à amener les acteurs privés et publics du dossier à trouver une solution amiable afin de garantir la pérennité du Groupe et l’emploi. Les réponses reçues ont été « partielles et peu concluantes », d’où le choix de mettre l’entreprise sous protection.

« Nous avons été au bout de cette phase amiable, mais face à l’impératif de la situation nous n’avions pas d’autres choix que de prendre cette décision. Il nous faut maintenant, dans ce nouveau cadre judiciaire, faire valoir nos droits dans l’intérêt de Scopelec et de ses salariés », déclare dans le communiqué Thomas Foppiani, le Président du Directoire du Groupe Scopelec.

Sur la question des transferts de salariés vers les autres attributaires du marché, Scopelec dit avoir obtenu de la part de plusieurs repreneurs « un cadre contractuel acceptable, avec reprise d’ancienneté et maintien des conditions salariales ». Par ailleurs des négociations sont en cours pour essayer de compenser la perte d’activité par des volumes additionnels temporaires. En revanche, le groupe déplore qu’un accompagnement financier ou une indemnisation des préjudices subis soient des questions « impossible à évoquer ».

Directement mis en cause par Scopelec, Orange s’était défendu en reprochant à son sous-traitant des défaillances répétées et des manquements à la qualité des prestations proposées sur certains territoires. Marc Blanchet, Directeur Technique et du Système d’Information de l’opérateur, a toutefois rappelé que Scopelec restait un sous-traitant important d’Orange avec 200 millions d’euros de prestations prévues cette année. Il a rappelé également que les sous-traitants d’orange avaient été informés dès 2018 de la remise à plat en 2022 des contrats d’entretien du réseau, d’intervention et de maintenance.

Une procédure de sauvegarde aboutit le plus souvent à un plan de sauvegarde. Mais faute de solutions viables, elle peut aussi conduire à un redressement judiciaire ou à une liquidation. Une perspective explosive sur le plan politique à trois semaines du premier tour du scrutin présidentiel.

Les syndicats entendent d’ailleurs faire monter la pression et ont prévu de manifester le 22 mars à Issy-les-Moulineaux, devant le siège d’Orange. « Cette décision [d’Orange] ne met pas seulement en péril les 1 910 emplois directement impliqués dans ce contrat à travers toute la France, elle compromet également l’installation de la fibre optique dans notre pays et promet une dégradation inéluctable du réseau », souligne le syndicat FO chez Scopelec.