Le géant logiciel Oracle est accusé de collecter et vendre des volumes colossaux de données personnelles sans autorisation.

Une plainte a été déposée au tribunal de San Francisco « au nom des internautes du monde entier qui ont été victimes des violations de la vie privée commises par Oracle » pour collecte et vente « de manière inappropriée des informations personnelles des consommateurs à des tiers sans leur consentement, y compris des données détaillées sur leurs comportements, mouvements, relations sociales et intérêts ».

Cette nouvelle action collective contre Oracle est menée par Johnny Ryan du Conseil irlandais pour les libertés civiles (ICCL), la Cnil irlandaise, Michael Katz-Lacabe, directeur de recherche au CeHRP pour la protection des droits de l’Homme et de la vie privée, et Jennifer Golbeck, professeur au College of Information Studies de l’Université du Maryland. Les plaignant·e·s sont représenté·e·s par le cabinet d’avocats Lieff Cabraser Heimann & Bernstein qui souligne que la collecte massive de données – sans autorisation – et à des fins commerciales est désormais une industrie de plusieurs milliards de dollars qui repose sur l’atteinte à la vie privée.

L’action en justice fait valoir un délit civil de droit commun pour intrusion dans la vie privée, ainsi que cinq autres causes d’action allant des lois étatiques sur la protection des données à la loi fédérale sur les écoutes téléphoniques. Elle exige l’arrêt des activités de collecte d’Oracle et la restitution des bénéfices réalisés à partir des données obtenues sans l’autorisation des personnes concernées.

« Nous intentons cette action pour arrêter la machine de surveillance mondiale d’Oracle ». La plainte rappelle un discours de 2016 de Larry Ellison, président et co-fondateur d’Oracle, se félicitant des « 5 milliards de profils de consommateurs » que recelait l’ID Graph d’Oracle Data Cloud, pour environ 42,4 milliards de dollars de revenus annuels. Celui-ci disait notamment : « Lorsque nous recueillons des informations sur les consommateurs et que nous les combinons avec leur profil démographique et leur comportement d’achat antérieur, nous pouvons assez bien prédire ce qu’ils vont acheter ensuite. »

L’ICCL affirme qu’Oracle détient des informations sur les noms, les adresses, les emails, les achats en ligne et en magasins, les mouvements physiques, les revenus, les intérêts et les opinions politiques, ainsi qu’un compte-rendu détaillé de l’activité en ligne de centaines de milliers de personnes.

Ce n’est pas la première fois qu’Oracle est confronté à des problèmes juridiques concernant ses collectes abusives de données. En 2020, un recours collectif a eu lieu aux Pays-Bas en 2020 pour non-respect du RGPD. L’affaire a été déboutée mais les plaignants comptent bien faire appel.