La guerre en Ukraine prive OneWeb de lanceur. Dans la nuit du 4 au 5 mars, une fusée Soyouz devait envoyer 36 nouveaux satellites venant compléter les 428 de la constellation OneWeb déjà en orbite. Mais l’agence russe Roscosmos, en réponse aux mesures visant Moscou, a posé ses conditions au lancement. Elle a exigé « que le gouvernement britannique ne soit plus actionnaire de OneWeb » et que soient apportées « des garanties juridiques contraignantes pour que OneWeb n’utilise pas ces satellites à des fins militaires et ne propose pas ces services à des structures militaires ». Le chantage a reçu une fin de non-recevoir, le conseil d’administration de OneWeb votant la suspension des lancements depuis Baïkonour, le cosmodrome russe au Kazakstan.

Roscosmos assure que la société n’a pas d’autre moyen « à court terme » d’envoyer ses satellites dans l’espace, hormis l’emploi de fusées Soyouz. Dmitri Rogozine, le directeur général de l’Agence spatiale russe Roscosmos a déclaré que « les contre-sanctions russes dans l’espace entraîneront des milliards de pertes pour les États-Unis et le Royaume-Uni, OneWeb attend la faillite. La société ne sera pas en mesure de déployer complètement la constellation orbitale. »

Le contrat signé avec Arianespace en septembre 2020 prévoyait 16 tirs de Soyouz entre 2020 et 2022. Ces tirs devaient fournir le dernier tiers de la flotte de satellites de la constellation, nécessaire pour assurer une couverture internet mondiale et des transmissions à haut débit et faible latence. Même si Arianespace assure être « en contact étroit avec ses clients et les pouvoirs publics français et européens pour faire face à toutes les conséquences de cette situation et construire les alternatives nécessaires », reprogrammer de tels lancements sera assurément une gageure.  Un nouveau coup dur pour OneWeb, détenu à 17,6% par Londres et à 43% par le groupe privé indien Bharti. En 2020, la société avait évité de justesse la faillite en se plaçant sous la protection du chapitre 11. Faute de solution rapide de remplacement à Soyouz, l’avenir de la société sera une nouvelle fois à nouveau menacé.