La compétition entre opérateurs nécessite à la fois de nouveaux services et une réduction des coûts d’exploitation. La virtualisation des réseaux y participe tout en créant de nouvelles opportunités économiques.


Si les débits accrus et les meilleures performances liées à de nouveaux équipements sont à même de séduire les clients et les ingénieurs les plus exigeants, tôt ou tard, à la faveur de l’obsolescence des équipements, les directions financières des opérateurs n’ont qu’un objectif : réduire les coûts d’exploitation de leurs infrastructures en les simplifiant. Tous les services qui existaient sous forme de logiciels anciens qui étaient interconnectés un par un à la suite des ajouts au fur et à mesure de l’adjonction de nouveaux services devront être reconfigurés par les cloud. A la faveur du succès des réseaux de téléphones mobiles – qui exploitent pour leur part des infrastructures et des protocoles de réseaux informatiques – l’infrastructure Ethernet et le protocole TCP/IP sont devenus incontournables, l’infrastructure Internet (synonyme de TCP/IP) restant omniprésente.

De ce fait, les communications IP dominent et doivent s’interfacer toujours plus simplement avec les autres réseaux hauts débits existants : SDH, ATM et ADSL. Dans ce cas, pour faciliter les communications, la virtualisation et la création de tunnels « protocolaires » permettent de véhiculer les données sans les modifier ou presque. Comme son nom le sous-entend, la virtualisation, souvent étiquetée NFV (Network Function Virtualization) sur les équipements d’opérateurs, permet de rendre les contenus et les applications plus  indépendants de l’ancienne infrastructure matérielle.

La circulation des applications et des données ne devrait plus, idéalement, être liée à un type de matériel, des boîtiers spécifiques, et devenir une simplification synonyme d’économies. Cette évolution permet aussi d’ouvrir plus facilement l’ensemble des réseaux physiques à de nouveaux intervenants qui peuvent ainsi louer les infrastructures à la manière des opérateurs virtuels, les MVNO, déjà présents sur les réseaux mobiles. La formule n’est pas nouvelle mais elle va simplifier les infrastructures, au fur et à mesure des progrès de la virtualisation.

Une première étape vers le SDN


Cette ouverture vers une meilleure exploitation des infrastructures se retrouve aussi dans le SDN, le « Software Driven Network », (le réseau piloté par le logiciel) que l’on associe principalement à la virtualisation des réseaux d’entreprise, une notion plus large que le NFV. Dans ce cas, ce sont les logiciels qui conditionneront les différents éléments du réseau. A terme, les fonctions SDN feront parties intégrantes des offres d’opérateurs.

Une remise en cause des fournisseurs actuels


Trois fabricants seulement (Cisco, Juniper et Alcatel-Lucent) vendent 90 % du matériel qui font les nœuds des grands réseaux d’opérateurs et les coûts d’exploitation de leurs matériels. A court terme, les nouvelles offres NFV viendront aussi d’autres fournisseurs moins gourmands, même si actuellement les trois leaders dominent aussi la virtualisation. Cela représente une refonte coûteuse, car elle nécessite le transfert des logiciels de ces routeurs sur des serveurs dans le cloud et de nouveaux systèmes de commutation plus basiques.

Mais sur le long terme, leur administration sera plus simple et plus économique. L’objectif du SDN qui recouvre celui du NFV est de rendre le réseau programmable en privilégiant certains flux applicatifs. On imagine que le cœur du réseau des opérateurs sera complètement automatisé par « logiciel », celui-ci concentrant toutes les opérations sur des datacenters étiquetés  SDN et que les infrastructures qui exploiteront le NFV seront facilement reconfigurables.

Le principe reste le même dans le SDN qui va s’étendre aussi chez les opérateurs. Le SDN fonctionne déjà au stade d’expérimentation dans de nombreux services internes d’opérateurs grâce à des commutateurs pilotés par un seul contrôleur SDN. Le réseau peut exploiter aussi la puissance du cloud pour effectuer les calculs des routes ou des chemins utilisés par les données grâce au contrôleur SDN qui va piloter l’ensemble et « pousser » ses décisions vers les systèmes sous-jacents (commutateurs, routeurs).

L’optimisation du trafic est l’un des objectifs du NFV


La virtualisation permet aussi d’agréger les débits des « tuyaux » entre différents serveurs distants afin d’optimiser les temps de réponse des applicatifs. Grâce à cette souplesse dans le « provisionning », on pourra aussi faire circuler et redistribuer les différentes applications virtualisées comme les firewalls ou l’équilibrage de charge sur les différents serveurs afin d’en optimiser la protection et le rendement. Si pour l’instant, la virtualisation SDN reste l’apanage des services informatiques internes des opérateurs, les services associés ne manqueront pas de déboucher sur de nouveaux services proposés aux entreprises.

Cette centralisation sur des serveurs banalisés va évoluer en fonction du trafic et devrait permettre d’éviter les engorgements que l’on voit arriver avec le succès des vidéos à la demande. L’étude des Bell Labs, intitulée « Croissance du trafic sur réseau métropolitain : étude d’impact » indique que le trafic généré par les services vidéo sera en croissance de 720 %, dans les deux prochaines années, et que le trafic dans les Datacenters augmentera de plus de 440 % pendant cette même période. Des chiffres encore plus impressionnants que ceux que prévoyait l’Idate en 2012. Pour les opérateurs, le fait de pouvoir optimiser le trafic applicatif va aussi leur redonner les moyens de contrôler les contenus et ainsi éventuellement de pouvoir faire payer des services sur les réseaux d’accès dans la mesure où ceux-ci sont optimisés pour telle ou telle application.

Actuellement, la libre circulation des données, la neutralité du Net, empêchent les opérateurs « locaux » de faire payer plus ceux qui occupent le plus de bande passante ; ce qui n’est pas logique. La virtualisation en permettant de mieux maitriser la nature des flux applicatifs va permettre aux opérateurs de reprendre en main leur destin économique. Rappelons que le rapport Lescure (ancien patron de Canal +) remis au gouvernement en 2013, proposait une mesure d’optimisation du trafic  : « Pour les services culturels en ligne les plus vertueux, une priorité dans la gestion des débits pourrait être envisagée, sous le contrôle de l’Arcep, dans le respect des règles qui seront adoptées concernant la neutralité du net ». Bref, la virtualisation des réseaux devrait optimiser le trafic sur les infrastructures, elles-mêmes en permanente évolution.

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