Huawei s’apprête à réduire la voilure sur le marché des serveurs. Selon le site d’information Bloomberg, le géant chinois est en pourparlers avancés pour vendre son activité de serveurs x86, les sanctions américaines le privant de l’accès aux composants, à commencer par les processeurs Intel, pour la poursuite de la fabrication.

L’activité serveurs X86 d’Huawei serait rachetée par un consortium qui comprend au moins un acheteur soutenu par le gouvernement indique Bloomberg. Le montant de la transaction n’est pas indiqué mais les sources proches du dossier parlent de plusieurs milliards de Yuans, soit plusieurs centaines de millions d’euros.

Deux acheteurs potentiels qui participent aux pourparlers sont mentionnés. Henan Information Industry Investment Co. Ltd. est une entreprise publique basée à Zhengzhou qui a été partenaire de l’activité de serveurs de Huawei. Huaqin Technology Co. Ltd. est une société de gestion d’actifs représentant le gouvernement provincial du Hubei, ainsi qu’un important fabricant d’électronique grand public.

Quelles seraient les conséquences de cette cession sur les activités de Huawei ? Elle ne mettrait pas fin à sa présence sur le marché des serveurs. Huawei a pris soin en effet de se diversifier avec ses familles de processeurs Kunpeng, basées sur Arm, pour l’informatique générale et les processeurs Ascend pour le marché de l’IA. Elles ne représentent qu’une part marginale sur le marché des serveurs en volume mais nettement plus significative en valeur.

Le géant chinois a aussi décidé d’investir dans la fabrication de ses propres puces, notamment avec la construction d’une usine à Shangaï mais il lui faudra des années pour monter en gamme et offrir des solutions alternatives.

En attendant une sortie contrainte du marché des serveurs x86 ne pourrait que fragiliser Huawei car il pourrait moins proposer de solutions de bout à ses clients intégrant la dimension serveurs, réseaux et stockage. Et même s’il fait appel à des tiers, il ne maitrisera plus autant la partie intégration. Les prémisses de ces difficultés étaient déjà apparues lorsque le constructeur avait annoncé l’an dernier qu’il cessait la commercialisation de ses serveurs, solutions de stockage et réseaux au Royaume-Uni.

Le géant a déjà été fragilisé sur le marché grand public par la vente de sa filiale Honor, seule solution selon lui pour assurer la survie de la marque, comme par la difficulté d’exporter ses smartphones haut de gamme privés de l’écosystème Android, dont les ventes ont dégringolé. D’une année sur l’autre, les revenus de Huawei ont ainsi chuté de 29,5% au premier semestre et même de 38% sur son troisième trimestre. La mise sur liste noire et les sanctions n’ont pas fini de le faire plier.