Le président du Forum Atena, Philippe Recouppé, dénonce ce qu’il appelle les aberrations du modèle économique de l’Internet « à la française » et plaide pour une tarification en fonction de la consommation.

 

Créé en 2007 comme « un lieu d’échange et de réflexion sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication », Forum Atena réunit une vingtaine d’entreprises (Oracle, Orange, Aastra, Websense, Wallix, BT…), des grandes écoles (Télécom ParisTech, EPITA, Télécom École de Management, ISEP) ainsi que des partenaires institutionnels (ANSSI, INRIA…). A l’origine de nombreux livres blancs sur le secteur IT, d’ouvrages techniques et de vulgarisation, de conférences (on lui doit un débat sur le futur de l’internet avec Vinton Cerf, Bob Kahn et Louis Pouzin, organisé sur le toit de la Grande arche de la Défense en 2010), il n’hésite pas à lancer un pavé dans la mare lorsqu’il le juge nécessaire. C’est ce qu’il vient de faire par la voix de son président, Philippe Recouppé qui interpelle les FAI et les pouvoirs publics.

Objet de son mécontentement actuel : ce qu’il appelle les aberrations du modèle économique de l’Internet « à la française » qui applique un prix unique pour tous, le fameux package à 29,90 euros (35 euros aujourd’hui), tant admiré par les consommateurs hors de l’Hexagone. « Transporter des millions de millions de millions d’informations chaque minute dans le monde nécessite des infrastructures coûteuses. Plus le volume d’informations est important, plus le transport nécessite d’investissements. Plus les distances sont importantes, plus les investissements dans des fibres optiques transcontinentales le sont également », écrit le PDG de Cogicom dans un document transmis à la presse. Il milite donc pour une variation des coûts et des charges entre les acteurs, un modèle économique plus équitable selon lui, et qui motiverait les opérateurs à améliorer leurs réseaux.


« Un consommateur qui consomme des dizaines de Gbit/s chaque mois doit-il payer comme celui qui n’en consomme qu’un comme c’est le cas actuellement en France ? Non évidemment !  Un accès ADSL défaillant à 512 kbit/s ne consomme pas les mêmes ressources qu’un accès à 20 Mbit/s, ou à 100 Mbit/s ; le prix de vente ne devrait donc pas être le même. C’est ce qu’ont compris de nombreux pays européens. Pourquoi pas la France ? », s’étonne Philippe Recouppé, qui rappelle que des services publics essentiels tels que l’électricité, le gaz, l’eau ou les transports publics ne sont ni gratuits, ni facturés au forfait.

S’il reconnaît qu’il est impossible de retourner à l’époque du téléphone facturé à la seconde et en fonction de la distance, il n’en est pas moins persuadé qu’il faut rééquilibrer le modèle économique entre consommateurs, opérateurs / FAI et fournisseurs de contenu en y réintégrant un échange de valeur. Et ce rapidement. « Il faut engager cette réforme dans les douze mois, faute de quoi les autres pays européens se chargeront de nous rappeler que la France ne peut pas appliquer ses propres règles nationales sur le marché mondial de l’Internet », conclut-il.

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