Trente-quatre milliards de dollars : c’est la somme faramineuse qu’IBM va dépenser pour devenir « un leader sur le marché des systèmes de cloud hybride » en achetant Red Hat. Les actionnaires recevront 190 dollars par action, soit quasiment une prime de 63% par rapport aux 116,68 dollars du cours de clôture de vendredi. Difficile de résister à une telle offre. Les conseils d’administration des deux entreprises se sont d’ailleurs prononcés en faveur de l’opération. Et il est probable que dans leur grande majorité les actionnaires donneront leur accord.

« L’acquisition de Red Hat change la donne. Elle change tout sur le marché du cloud, IBM deviendra le n °1 mondial des fournisseurs de cloud hybride, offrant aux entreprises la seule solution de cloud ouverte permettant d’exploiter pleinement la valeur du cloud pour leur activité », déclare dans un communiqué la CEO de Big Blue, Ginni Rometty. « Aujourd’hui, la plupart des entreprises n’en sont qu’à 20% de leur trajet vers le cloud computing, louant de la puissance de calcul pour réduire les coûts. Les 80% suivants visent à débloquer de la valeur commerciale et à générer de la croissance. C’est le chapitre suivant du cloud. Cela nécessite de passer des applications métiers au cloud hybride, d’extraire plus de données et d’optimiser chaque aspect de l’activité, de la chaîne logistique aux ventes. »

« L’open source est le choix par défaut pour les solutions informatiques modernes, et je suis extrêmement fier du rôle que Red Hat a joué pour en faire une réalité dans l’entreprise », affirme de son côté le président et CEO de Red hat, Jim Whitehurst. « En joignant nos forces à celles d’IBM, nous disposerons d’une plus grande envergure, de plus de ressources et de capacités pour accélérer l’impact de l’open source en tant que base de la transformation numérique et offrir à Red Hat une plus grande audience, tout en préservant notre culture unique et notre engagement indéfectible à l’innovation open source. »

Les deux entreprises sont partenaires depuis 20 ans. IBM a été parmi les premiers supporters de Linux, collaborant avec Red Hat pour accélérer son développement et sa croissance dans les entreprises. Plus récemment, les deux sociétés ont collaboré pour apporter à leurs clients respectifs des solutions de cloud hybrides et des solutions Kubernetes. Ces innovations sont aujourd’hui des technologies de base du cloud hybride d’IBM. En avril 2012, la Fondation Linux observait que Big Blue avait été au cours des sept années précédentes un des principaux contributeurs avec 600 développeurs impliqués dans une centaine de projets. « Ensemble, IBM et Red Hat ont davantage contribué à la communauté open source que toute autre organisation », affirme le communiqué. En mai, les deux futurs mariés ont dévoilé un accord de collaboration ciblant le secteur du cloud hybride, un accord que Ginni Rometty qualifie de « précurseur clé » de l’acquisition.

« IBM s’est engagé à être un authentique fournisseur multi-cloud et nous donnerons la priorité à l’utilisation de la technologie Red Hat au travers de plusieurs clouds », indique Arvind Krishna, vice-président et directeur d’IBM Hybrid Cloud. « Ce faisant, IBM supportera la technologie Open Source partout où elle fonctionne, ce qui lui permettra de s’adapter de manière significative aux paramètres commerciaux du monde entier. »

IBM promet de rester attaché à la gouvernance ouverte de Red Hat, à sa participation à la communauté open source et à son modèle de développement, ainsi qu’à la promotion de son écosystème de développeurs étendu. Les deux entreprises poursuivront les efforts engagés dans Patent Promise, GPL Cooperation Commitment, Open Invention Network et LOT Network. Elles continueront par ailleurs à développer, en plus du cloud d’IBM, leurs partenariats avec d’autres grands fournisseurs tels qu’Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud ou encore Alibaba.

La firme d’Armonk précise qu’elle a l’intention de maintenir le siège, les installations, les marques et les pratiques de Red Hat. Lors de la finalisation de l’opération, prévue pour le second semestre 2019, Jim Whitehurst et son équipe de direction actuelle continueront à diriger l’éditeur open source. Jim Whitehurst rejoindra par ailleurs la direction d’IBM où il sera directement placé sous l’autorité de Ginni Rometty.