Y aurait-il de la grogne chez IBM France ? Dans un communiqué, le délégué syndical CGT IBM-France, Marc Grimault, et son suppléant, Denis Gras, accusent la filiale française de Big Blue de déroger au droit du travail en imposant aux salariés de prendre 5 jours de congé avant la fin du mois d’avril, en y ajoutant pour les cadres – qui représentent 85% des effectifs – 5 jours de RTT à prendre avant la fin du mois de juin. Ils accusent la société de vouloir épuiser le capital de congés payés et de RTT des employés sous prétexte de protéger leur santé.

« Cette injonction n’est pas conforme à l’article 2 de l’ordonnance du 24 mars qui précise : « si l’intérêt de l’entreprise le justifie eu égard aux difficultés économiques liées à la propagation du Covid-19 ». Or à ce jour, IBM-France n’a fourni aucun document prouvant d’éventuelles difficultés économiques », affirment les deux élus, ajoutant que la direction refuse de fournir aux représentants du personnel une cartographie des secteurs qui seraient en baisse réelle d’activité.

Pour justifier sa décision, IBM France évoque « un contexte où s’ajoute à la crise sanitaire une crise économique majeure pour le groupe, touché de plein fouet par l’impact du Covid-19 ». Ce que conteste la CGT qui estime que le télétravail fonctionne largement dans l’entreprise depuis plusieurs semaines « malgré le refus d’assurer les salariés et de couvrir leurs frais à domicile » Quant à la filiale française, elle fonctionne bien selon eux, disposant de plus de 900 millions d’euros (soit 4 mois de chiffre d’affaires) de trésorerie et sur des réserves substantielles.

« Pas d’embauches de vitalité, des salariés sans visibilité sur leur l’avenir, pas de véritable plan de formation, une politique salariale au rabais … Les salariés sont victimes de la spirale destructrice depuis qu’IBM a perdu sa maitrise du marché informatique, subissant maintenant la marche forcée des nouveaux acteurs dominants que sont les GAFAM », peut-on encore lire dans le communiqué qui ajoute que l’injonction de la direction a suscité colère et indignation chez les salariés. « Ce n’est pas ainsi que doit se comporter une grande entreprise dans la période actuelle, ce n’est pas ainsi que les salariés d’IBM France resteront motivés pour produire des richesses de moins en moins partagées avec eux », conclut le document qui ne comporte aucune revendication.

Toutes les délégations syndicales ne partagent toutefois pas ce point de vue. La CFE-CGC évoque au contraire un texte « qui présente plusieurs avancées favorables aux salariés par comparaison avec les seules ordonnances ou avec l’accord de branche de la métallurgie. » Elle cite l’octroi de mesures de protection pour les salariés devant se déplacer (masques gants, gel hydroalcoolique), la mise en place d’un numéro vert de soutien psychologique Covid19, et précise que la direction consent à une certaine souplesse concernant les jours de repos imposés  Elle se félicite par ailleurs que la rémunération soit maintenue, y compris le 13ème mois, pour les salariés soumis au chômage partiel et note avec satisfaction qu’IBM s’engage pour ces salariés à payer les différentes cotisations (mutuelle, retraites complémentaires, prévoyance invalidité/décès et contribution patronale aux activités sociales et culturelles), malgré le fait que leurs contrats de travail soient suspendus.