Le Congrès américain va étudier une proposition de loi sur la concurrence stratégique émanant de la commission sénatoriale des relations étrangères. Intitulée « Strategic Competition Act of 2021 », elle est destinée à empêcher une hégémonie chinoise, notamment en matière technologique. « La République Populaire de Chine (RPC) tire parti de sa puissance politique, diplomatique, économique, militaire, technologique et idéologique pour devenir un concurrent stratégique, comparable et mondial des Etats Unis. Les stratégies poursuivies graduellement par la RPC sont contraires aux intérêts et valeurs des Etats-Unis, leurs partenaires et une grande partie du reste du monde », écrivent les auteurs de la proposition de loi en préambule à leur texte de 281 pages mis en ligne par nos confrères de The Register.
Quelques-unes de ces pages sont consacrées à « la technologie numérique et à la connectivité », dont les Américains entendent bien conserver le leadership. Le Congrès a en effet le sentiment que les États-Unis doivent diriger les organismes internationaux de normalisation qui fixent les normes et règles de gouvernance pour les technologies numériques critiques afin de garantir que ces technologies fonctionnent dans un domaine numérique libre, sécurisé, interopérable et stable.
Le texte prévoit notamment la nomination d’un ambassadeur itinérant chargé de la technologie. Il aurait pour mission d’harmoniser la gouvernance technologique et de coordonner la R&D autour des technologies clés, y compris :
- L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique ;
- Les télécommunications 5G et les autres technologies avancées de mise en réseau sans fil ;
- La fabrication de semi-conducteurs ;
- La biotechnologie ;
- L’informatique quantique ;
- Les technologies de surveillance, y compris les technologies de reconnaissance faciale et les logiciels de censure ;
- Les câbles pour réseaux de fibre optique.
Concernant précisément la 5G, les auteurs du texte invitent les États-Unis à conduire les futurs développements de normes et les organismes de normalisation et demande une évaluation des « différences dans la portée et l’étendue de l’engagement de la Chine dans ces organismes comparé à l’engagement des États-Unis ou de leurs alliés et partenaires et quels sont les risques en matière de sécurité soulevés par les propositions chinoises dans ces organismes de normalisation. »
Le document prévoit également un effort international s’appuyant sur tous les outils économiques et diplomatiques à sa disposition pour lutter contre l’usage croissant de produits et services TIC permettant de surveiller, réprimer et manipuler les populations. Le texte envisage par ailleurs la signature d’accords bilatéraux concernant le numérique « avec l’Union européenne, le Japon, Taïwan, les pays membres de l’alliance d’échange de renseignements Five Eyes et d’autres nations, le cas échéant » ainsi que l’établissement d’une alliance commerciale concernant le secteur du numérique.
Est enfin proposé la création d’une alliance pour la connectivité numérique et la cybersécurité par laquelle les États-Unis « promouvront la diversification des produits TIC et des services de la chaîne d’approvisionnement pour qu’ils soient moins dépendants des importations chinoises » et « soutiendront les exportations de produits et services des technologies de l’information et de la communication des États-Unis » afin notamment d’augmenter la part de marché des entreprises US sur les marchés cibles.
Comme le précisent nos confrères, ce projet de loi soutenu par la Chambre des représentant et par le Sénat ne devrait pas être voté en l’état. Mais les choses sont claires, il s’inscrit dans la ligne politique définie par Donald Trump et poursuivie dans ses grandes lignes par Joe Biden.