En 2010, Oracle, en prenant place dans le monde de l’Open Source via Sun, a bouleversé une filière en pleine progression. Des communautés se sont détruites, d’autres sont nées, illustrant la capacité de rebond de l’open source.

 

En 2010, l’Open Source ce sera avéré un plat brulant servi avec une sauce froide. On retiendra de cette année une présence affirmée sur le marché, nourrie par des levées de fonds de plus en plus conséquentes, des success stories françaises qui commencent véritablement à se dessiner. Mais la vraie star c’est Oracle. En 2010, l’éditeur a semé la pagaille dans les communautés Open Source, soufflant un vent glacial.

L’inflexible Oracle

Il faut dire qu’à part Microsoft, jamais éditeur ne se sera mis à dos la communauté Open Source aussi rapidement. La firme de Larry Ellison, en rachetant Sun et l’ensemble de son portefeuille de projets ouverts, a mis les pieds dans un monde aux traditions et coutumes différentes des siennes. Un fossé culturel, pour certains observateurs qui s’indignent face à l’indifférence d’Oracle, une incompréhension entre les deux mondes pour d’autres. Bref, Oracle aura modifié le paysage mondial de l’Open Source. Et à contre coeur, la communauté aura en retour brandi maintes fois son arme absolue : le fork. Rappelons nous la révolution chez MySQL qui a entrainé la création de MariaDB, l’inauguration de la Document Foundation et de LibreOffice, ou encore du projet Hudson. Sans mentionner les vieux démons qui ont resurgi, catalysés par un Oracle qui ne lâche rien : la fondation Apache, icône de l’Open Source, aura ainsi claqué la porte du JCP (Java Community Process), laissant en décembre un monde du développement Java en proie au doute. Comment ne pas citer également la fin de la communauté OpenSolaris ou encore la fin de la gratuité pour Solaris ! Des projets cadres de l’Open Source qui en 2010 ont soit disparu soit muté.

Levées de fonds en rafale

Mais ce portrait plutôt sombre ne doit pas occulter les vrais succès de l’Open Source : ceux liés à un intérêt grandissant pour un modèle plus mature. Pour preuve les levées de fond des Français Talend, BonitaSoft ou Exo Platform ou encore l’ouverture d’un bureau Wallix aux Etats-Unis. Ces réussites illustrent au final que le modèle du logiciel ouvert séduit les investisseurs du moins côté infrastructure, mais s’inscrit également dans une nouvelle façon de consommer le logiciel qui tend aujourd’hui à faire recette. Le Cloud et le Web – dont l’ossature repose sur les logiciels Open Source – y sont certainement pour beaucoup. Citons également le décollage d’Hadoop, dont la technologie aura été remarquée, et adoptée, en 2010, par nombre d’acteurs du Cloud et du Data Management.

Du côté des entreprises, les outils Open Source semblent s’être enfin hissés au niveau commercial de leurs concurrents propriétaires. Les analystes semblent désormais unanimes : il ne s’agit plus de savoir si oui ou non les entreprises vont utiliser de l’Open Source, mais davantage comment elles comptent le faire. Un étude Accenture a à elle seule résumait la situation : les entreprises considèrent aujourd’hui l’Open Source pour la qualité de ses logiciels et non plus uniquement pour les coûts supposés moindre.


Mobilité, un havre pour Linux

2010 aura également été le témoin d’un nouveau segment de prédilection pour Linux : celui de la mobilité, poussé par un Android omniprésent, notamment aux Etats-Unis, et de l’embarqué, où les OS Linux ont la cote. Les organismes du monde de l’électronique embarqué s’unissent autour de l’OS Open Source, des institutions cadres créent des groupes de travail dédiés à la thématique mobilité. Linux réussirait-il sur ce segment après avoir échoué sur celui du poste de travail ? C’est une question que l’on peut se poser en observant la descente aux enfers de Mandriva, sauvé in extremis par des investisseurs russes qui lui prédisent un avenir plus radieux sur les PC Moscovites.

Nous retiendrons enfin la mutation d’un modèle qui commence à trouver sa place, quitte parfois à y laisser quelques plumes. Comme la contribution, clé de voute du mouvement qui – si elle ne disparait pas – connait elle aussi un bouleversement, surtout au niveau de sa forme. Mais peut-être est-ce ainsi que le modèle de développement doit évoluer pour renforcer un peu plus ses fondations et assurer sa pérennité.

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