Mieux qu’un forum emploi : une compétition entre développeurs. En salle et en ligne. C’est la formule concoctée par la start-up Cartser pour faciliter la mise en contact entre les employeurs IT et les éventuels candidats.


Près de 400 développeurs inscrits. Et au final, pour chacun des 14 employeurs sponsors, une quarantaine de CV en moyenne recueillie. Mieux que cela : des CV qualifiés, validés, la preuve par le code. Ne serait-ce que quantitativement, le bilan du concours de programmation Codingameorganisé le 25 octobre, à Montpellier et en ligne, semble confirmer la pertinence de ce mode de rencontre entre l’offre et la demande d’emploi.


La formule est largement usitée outre-Atlantique dans le milieu des grands employeurs IT. Organiser une compétition pour dénicher les talents. En France, le concours Prologin (21e édition en 2013) joue la carte de l’émulation entre geeks (plutôt jeunes), mais sans visée de recrutement. De même, la mise en situation (assessment) pour conforter une embauche -en l’occurrence un test de programmation- est loin d’être une nouveauté en France. C’est d’ailleurs le fonds de commerce de la start-up montpelliéraine Cartser, qui propose un outil logiciel, Weecod, permettant de valider en direct la qualité du travail de programmation fourni.


Miser sur le côté ludique


La bonne idée de cette start-up à l’initiative du Codingame est, comme son intitulé l’indique, de miser sur le côté ludique et l’attrait qu’ont les « geeks » pour ce type d’expérience. Concrètement, le défi de programmation qu’ils confrontent avec le langage de leur choix (parmi les six langages les plus courants, C, C++, C#, Java, PHP, Python) permet de les jauger sur trois critères : la capacité à structurer leur raisonnement pour résoudre un problème, l’optimisation de la solution, la connaissance du langage. Et d’associer à ce challenge, des sociétés qui recrutent -dont certaines utilisent déjà Weecod dans leur processus d’embauche- mais aussi des forums de communautés de développeurs et surtout des écoles et universités (Epitech, Polytech, UM2, Université de Perpignan, Supinfo, etc) qui ont passé le mot auprès de leurs diplômés.

« Personne ne s’y trompe », confie Frédéric Thomas, directeur technique de Oodrive, éditeur de solutions SaaS de sauvegarde, l’une des 14 sociétés impliquées (*). « La motivation première des participants, c’est de montrer qu’ils sont les meilleurs. La preuve par le code ! Pour ces passionnés, le recrutement ne vient qu’au second plan ». Il n’empêche : la passion de la programmation est précisément une des qualités recherchées par les employeurs sponsors, éditeurs, start-up IT ou SSII (voir la liste ci-après). Sur les 400 jeunes et expérimentés (de 18 à 40 ans) inscrits au départ, 220 ont tenu la route jusqu’à la fin de l’épreuve (entre 37 minutes pour les plus rapides et quatre heures pour les plus persévérants). Et 150 de ces codeurs invétérés ont postulé aux emplois proposés.


Est-ce un bon score pour une opération de communication de recrutement ? «Sans comparaison, en tout cas, avec la solution de facilité qu’est la publication d’annonces, ou l’approche directe par un cabinet de consultant qui nous amène deux ou trois candidatures », répond Frédéric Thomas, qui, pour sa part, se fie à la dizaine de CV repérés une semaine après l’événement. Une rentabilité qui, en tout cas, prouve qu’elle est adaptée à la cible des développeurs. Et à l’attente de cette catégorie d’employeurs qui recherchent avant tout des compétences pointues, peu importe le degré d’expérience. « Les bonnes pratiques, on les acquiert en poste. Ce qui est en jeu ici, c’est le potentiel d’adaptation au job qui peut leur être proposé», commente Aude Barral, responsable marketing et co-fondatrice de Cartser. Même écho du côté de Jérôme Cance, responsable technique de la SSII montpelliéraine Acelys, qui, en tant que petite structure, se heurte de plus à la difficulté d’attirer des candidats qualifiés en région sud. « C’est un moyen d’être mis en relation avec des candidats qui ne nous contacteraient pas spontanément. »


Pour ces employeurs, tous à l’affût des mêmes profils de développeurs, peut-on y voir un moyen de se différencier ? Réponse nuancée de Frédéric Thomas  : « à terme, on doit pouvoir identifier Oodrive comme une entreprise qui recrute des passionnés ». Mais comme avec l’utilisation de Weecod, pour le test de programmation que cet éditeur a intégré dans son processus d’embauche, il n’est pas question, selon lui, de tirer des conclusions hâtives des résultats au test, ou du classement Codingame de tel ou tel candidat. « Bien souvent, c’est dans la discussion qu’on a après le test qu’on en apprend le plus », remarque ce manager. Pour sa part, l’équipe de Cartser met en avant l’égalité des chances soulignée par cette modalité de contact : la participation au concours est anonyme, sans sélection basée sur le CV ou autres préjugés. Une modalité cependant plus aboutie que le principe du CV anonyme, puisque, réciproquement, les entreprises se rendent ainsi visibles auprès d’une cible recherchée. Pour les intéressés, employeurs et développeurs, rendez-vous est pris pour le prochain Codingame, le 29 janvier.

 

(*) les employeurs impliqués dans le challenge du 25 octobre : Acelys, Bull-Amesys, Eptica, Fruition Sciences, GFI Informatique, Imaios, Intrasense, Itesoft, Octipas, Oodrive, Orange Logic, PayPlug, Spotter, Wyplay.

 

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