Selon Gartner, l’Europe devrait accuser deux ans de retard sur les Etats-Unis en matière d’adoption de Cloud. Le cabinet pointe du doigt une Europe trop diversifiée et un climat de la zone euro qui paralyse les investissements.


Non, vraiment, l’Europe fait tout pour freiner l’adoption du Cloud Computing sur son territoire. C’est un peu le sentiment que l’on a, à la lecture d’un rapport du très sérieux cabinet d’analystes Gartner qui devrait être débattu à Londres les 21 et 22 juin prochain.

Selon Gartner, les conditions économiques difficiles du Vieux Continent, la crise de l’euro latente, les politiques liées à la confidentialité des données, la mécanique trop lente de transposition des directives européennes, la fragmentation des états sont autant de freins à l’adoption de l’informatique en nuage. A tel point que l’Europe accusera deux années de retard par rapport aux Etats-Unis en matière de Cloud. Un constat tranchant du cabinet – presque un savon ? -, qui considère le Vieux Continent comme désormais suiveur. Une sirène d’alarme ?

«Les opportunités en matière de Cloud Computing sont valables partout dans le monde et cela est également vrai en ce qui concerne les risques et les coûts. Toutefois, pour certains risques et coûts potentiels liés au Cloud – comme la sécurité, la transparence et l’intégration -, qui s’appliquent généralement à tous, cela prend une signification différente en Europe», écrit Paolo Malinverno, vice président chez Gartner. «Bien que l’intérêt pour le Cloud soit important en Europe, la diversité induite par 44 pays différents entrainera une adoption lente du Cloud dans cette région», ajoute le Gartner. Lente et en retard donc.

Les clouds nationaux, un frein à l’adoption au cloud


Ainsi pour la cabinet, quatre principes mêmes de l’Europe pénaliseront l’adoption du cloud sur le territoire pour les prochaines années, voire vont à l’opposé des bonnes pratiques en matière de promotion de l’informatique en nuage – le cabinet utilise le mot « inhibiteurs ».

Le cabinet pointe alors du doigt les règles nombreuses et changeantes en matière de confidentialité des données. Rappelant au passage la crainte des entreprises européennes face au Patriot Act. «Une loi américaine qui rend indésirable voire illégal [aux yeux des entreprises européennes, NDLR] le recours à des fournisseurs de cloud américains».

«La vérité pour les entreprises européennes, c’est qu’en dépit des spéculations basées sur des informations inexactes et des initiatives isolées de pays poussant leurs programmes de cloud nationaux, il existe des moyens d’utiliser le Cloud de façon plus sécurisée», souligne Gartner. Ecartant d’un revers de la main les projets comme Andromède (le cloud tricolore des investissements d’avenir), qui ne font qu’enrayer la belle mécanique du Cloud européen. Pour lui, la solution est ailleurs, affirmant qu’il existe des accords comme le Patriot Act ailleurs qu’aux Etats-Unis (il cite le Regulatory of Investigatory Powers Act) auquel chaque entité légale devra se plier.

Cinglant, Gartner poursuit en pointant du doigt la diversité des processus entre chaque état de l’UE, rendant complexes les intégrations multi-entreprises et surtout incompatibles les pratiques d’un pays à un autre. Le problème, c’est qu’en Europe, cela est présenté comme un avantage concurrentiel, soutient Gartner. «Dans un marché à croissance rapide comme celui du Cloud Computing, la diversité complique le fait d’atteindre la masse critique nécessaire et ralentit de façon significative la tâche d’acteurs souhaitant proposer des services Cloud dans toute l’Europe». A l’inverse donc de l’effet souhaité, tranche une nouvelle fois le cabinet, qui souligne plus loin la lenteur avec laquelle les états transposent les directives européennes dans leurs législations nationales. Si la facturation électronique a déjà subi les contre-coups de cette politique européenne, souligne le cabinet, «l’usage du Cloud sera probablement le suivant».

Et la crise de l’euro qui impacte fortement les investissements IT s’ajoute à cette équation, précise Gartner, même si cette dimension n’a pas la même portée que les autres causes du retard de l’Europe en matière de Cloud.

Mais attention, souligne-t-il, il ne s’agit là que d’un ralentissement, terminant sur une note optimiste. «Les gains potentiels du cloud sont trop alléchants et son intérêt en matière d’efficacité et d’agilité trop important pour qu’il stagne sur une longue période». Juste deux ans de retard, en somme.

 

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