Le trafic entrant dans les réseaux d’Orange, Free, SFR et Bouygues a augmenté de 7,6 % sur un an en 2023, contre 21,5 % en 2022, selon le dernier rapport de l’état de l’internet en France de l’Arcep. Cette décélération de la consommation de bande passante fait suite à une explosion du trafic suite à la pandémie, passé de 15 Tbit/s début 2019 à 46,5 Tbit/s fin 2023. C’est toutefois la première fois depuis le début des mesures d’interconnexion de l’Arcep en 2012 qu’une croissance à un chiffre est enregistrée. Elle s’observe également au niveau de la consommation de données mobiles relève l’Arcep.

Le régulateur avance deux explications principales à ce ralentissement. La première se situe au niveau de la demande, avec notamment « une croissance faible de la proportion d’abonnés à au moins un service de vidéo à la demande (56 %, +1 point en un an), après plusieurs années de forte hausse ». La seconde serait la résultante « des efforts entrepris par certains acteurs du contenu en termes de compression et d’optimisation du trafic. »

Cette optimisation est assurée en particulier par les réseaux de diffusion de contenu  (CDN) qui stockent temporairement le contenu grâce à un réseau de caches, au plus près de là où il est demandé, pour fluidifier sa transmission. A coté des CDN d’acteurs tiers spécialisés tels qu’Akamai, Cloudflare ou Lumen, se développent des CDN internes, avec des caches hébergés au sein du réseau des opérateurs. Entre 2016 et 2023, le trafic des CDN internes a été multiplié par plus de 10, passant de 0,82 Tbit/s à 11,37 Tbit/s. En 2023, 20% du trafic CDN était acheminé par ces CDN internes.

Cinq gros acteurs totalisaient à eux seuls 53% du trafic entrant en 2023. Il s’agit de Netflix (15,3%), Akamai (12,3%), Google (9,8%), Amazon (8,5% en incluant Twitch) et Meta (6,8%). Netflix demeure l’acteur avec la part de trafic la plus élevée mais en baisse notable (19,7% en 2022). D’autres acteurs s’installent dans le paysage à l’instar de Bytedance, la maison mère de Tiktok. Sa part était 1,1% en 2023 mais a doublé depuis 2021.

Ce tassement de la croissance du trafic n’est pas une bonne nouvelle pour les opérateurs. Elle devrait toutefois leur permettre de souffler après des années d’investissements massifs dans leurs réseaux et de se focaliser sur la qualité de services.