Softbank Group annonce qu’il va se séparer de la moitié des effectifs de sa filiale française Softbank Robotics Europe, à l’origine des robots humanoïdes programmables Pepper & NAO.  Née du rachat en 2012 de la startup française Aldebaran Robotics, Softbank Robotics Europe prévoit ainsi de supprimer 165 postes sur les 323 que compte l’entreprise.

« Avec près de 45.000 exemplaires vendus depuis les débuts de l’entreprise, […] les robots humanoïdes de Softbank Robotics Europe ne sont jamais devenus un véritable succès », décrypte le JDN qui a le premier révélé le plan social en préparation. En cause : des prix prohibitifs. À environ 12.000-15.000 euros pièce pour Pepper – et 7.000 euros pour Nao – les robots de Softbank Robotics Europe sont trop chers pour les tâches qu’ils sont capables d’effectuer (principalement de l’accueil et de l’information), suggère le JDN, qui invoque la concurrence des assistants vocaux qui « offrent des interactions beaucoup plus profondes pour bien moins cher ».

Dans un communiqué des salariés dénoncent pour leur part des investissements en berne à partir de 2017. Résultat : les robots qui n’évoluent plus, des performances qui stagnent, un manque de fiabilité (27% de retour annuel sous garantie) et des nouveaux produits abandonnés avant même d’avoir été lancés.

L’examen des comptes montre l’ampleur des difficultés. Sur son dernier exercice connu, qui s’est achevé fin mars 2020, la société a enregistré une perte nette de plus de 32,5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires d’à peine 45 M€. Sur ses trois derniers exercices, la société a accumulé plus de 100 millions d’euros de pertes. À l’exception d’une année, la filiale robotique de Softbank Group a toujours été déficitaire obligeant sa maison-mère à la recapitaliser à plusieurs reprises, note le JDN. Les élus ont une autre lecture de la situation : l’actionnaire SoftBank Group a certes recapitalisé sa filiale « à intervalles réguliers » (en l’occurrence de 100 M€ à deux reprises). Mais il s’agissait d’un stratagème pour échapper à l’impôt sur les sociétés, selon eux. Ils l’ont laissée « volontairement s’endetter plutôt que la rémunérer à hauteur des services fournis ». Ils dénoncent au passage le recours systématique aux subventions de toutes sortes qui ont représenté certaines années « jusqu’à un quart de la masse salariale »

Pour couronner le tout, les élus fustigent un PSE « au rabais », recalé par la DRIEETS (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, qui remplace la DIRECCTE depuis avril). Un PSE « indigne, eu égard aux moyens colossaux du groupe », qui justifie l’organisation de la 1ère manifestation de robots au monde. Celle-ci devait avoir lieu ce mardi 15 juin à 16h00 à partir 43 rue du Colonel Pierre Avia à Paris, siège de la société, et devait s’achever au bureau Pôle emploi le plus proche « pour commencer à s’inscrire au chômage ».

Edit du 17 juin : contrairement à ce que nous avons écrit initialement sur la base des informations du JDN, Softbank Robotics Europe n’a pas vendu 27.000 robots depuis sa création mais près de 45.000, selon une source interne. 27.000 correspond au nombre de Pepper vendus. Nous avons également précisé le nombre et le montant des recapitalisations, ainsi que le prix des Pepper, plutôt compris entre 12.000 et 15.000 € en moyenne. Le montant de 17.000 € indiqué initialement correspondant au prix maximum auquel le robot s’est vendu à ses débuts.