Nextcloud a formé une coalition avec près de 30 entreprises européennes du cloud pour porter plainte auprès de la Commission européenne au sujet du comportement anticoncurrentiel de Microsoft sur OneDrive.

« La part de marché de Microsoft, Google et Amazon dans l’Union Européenne (UE) s’élève désormais à 66% alors que la part de marché des fournisseurs européens est passée de 26% à 16% », expose la coalition dans un communiqué.

Selon Nextcloud, Microsoft a carrément bloqué d’autres fournisseurs de services cloud en tirant parti de sa position. Si l’auto-référencement n’est pas illégal au regard des lois européennes sur la concurrence, une entreprise abusant de sa position dominante sur le marché est susceptible d’enfreindre la loi.

Le PDG et fondateur de Nextcloud, Frank Karlitschek, fait un parallèle avec Microsoft Internet Explorer dans les années 90 : « Copier le produit d’un innovateur (Netscape), le regrouper avec votre propre produit dominant le marché, et tuer son entreprise, puis arrêter d’innover. Ce type de comportement est mauvais pour le consommateur, pour le marché et, bien sûr, pour les entreprises de l’UE. Avec les autres membres de la coalition, nous demandons aux autorités antitrust en Europe de faire respecter des règles du jeu équitables, en donnant aux clients le libre choix et en donnant à la concurrence une chance équitable ».

La coalition antitrust initiée par Nextcloud regroupe plusieurs organisations à but non lucratif et en open source parmi lesquelles la European DIGITAL SME Alliance, la Document Foundation et la Free Software Foundation Europe (FSFE).

Selon Sebastiano Toffaletti, le secrétaire général de l’alliance européenne Digital SME, « les plateformes technologiques mondiales abusent souvent de leur position dominante sur le marché pour empêcher les petits concurrents de réussir. Cela contribue à la fausse perception que seules les grandes entreprises peuvent maîtriser les technologies numériques ».

Heiki Lõhmus, le vice-président de la FSFE, ajoute que « les offres SaaS propriétaires menacent sérieusement la liberté des utilisateurs européens d’ordinateurs et leur capacité à garder un contrôle effectif sur leurs appareils et leurs données. »

Pour sa part, Lothar Becker, le président de la Document Foundation, déclare : « Les citoyens européens devraient pouvoir décider eux-mêmes des outils numériques qu’ils utilisent pour créer, stocker et partager des contenus, y compris un format de document ouvert pour leurs fichiers. Les actions de Big Tech, basées sur leur pouvoir de monopole dans le domaine des systèmes d’exploitation, forcent les consommateurs à utiliser des logiciels propriétaires, réduisant ainsi leur liberté et leurs droits numériques. Nous soutenons la plainte relative à ce comportement anticoncurrentiel et demandons instamment à l’UE de prendre des mesures immédiates. »

Nextcloud et ses alliés demandent à la Commission européenne de prendre position et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus de position de la part de Microsoft sur le marché des systèmes d’exploitation – « par le regroupement, la pré-installation ou la promotion de services Microsoft » – afin de garantir des conditions de concurrence équitables.

L’action en justice de Nextcloud a notamment le soutien d’Euclidia, d’Abilian, de Linagora, de Jamespot, de DAASI, de Mailfence et de Netframe.

Par ailleurs, Slack a déposé une plainte antitrust contre Microsoft du fait de l’intégration du logiciel Teams à la suite Office. L’affaire est en cours.