C’est symboliquement depuis le siège d’OVHcloud que Cedric O, secrétaire d’État au numérique, a présenté le 2 novembre le plan industriel de soutien à la filière cloud française. Un plan gouvernemental qui, après la doctrine cloud au centre et la valorisation des offres de confiance détentrices du label SecNumCloud, est présenté comme le troisième pilier de la stratégie nationale pour le cloud. Ce volet est doté de 1,8 Md€ sur quatre ans, dont 667 M€ de financement public, 680 M€ de cofinancements privés et 444 M€ de financements européens. Il s’inscrit dans le cadre du 4ème Programme d’investissements d’avenir (PIA4) et de France Relance.

Rappelant la domination écrasante des acteurs américains dont les trois leaders AWS, Microsoft et Google captent 69% du marché européen contre moins de 2% pour les premiers industriels européens (OVHcloud et Deutsche Telekom), le secrétaire d’état a néanmoins estimé que « la bataille du cloud n’est pas perdue ». Répondant aux critiques sur la stratégie de souveraineté numérique mise en œuvre, il a rejeté la responsabilité en affirmant qu’on « ne rattrape pas trente ans d’incurie en trois ans ».

« Nous concrétisons aujourd’hui notre ambition de toujours : faire émerger des champions industriels français et européens. Au total, ce sont près de 2 milliards d’euros qui seront mobilisés au niveau de la filière à horizon 2025. Nous avons les moyens et les capacités d’être les futurs leaders technologiques de demain et de faire rayonner les valeurs européennes de confiance dans le cloud […]Rassemblé, l’écosystème français et européen va réussir sur le numérique et le cloud », a-t-il déclaré.

Le plan de financement présenté comprend quatre volets :

en M€ Développer
des solutions
innovantes
de Cloud et Edge
Computing
Soutenir
la recherche,
l’innovation,
et la maturation
de technologies
Créer
des espaces
de données
mutualisées
Former
et reconvertir
les ressources
humaines
Total
Part publique 421 66 150 30 667
Part privée 500 150 30 680
Financements européens 84 360 444
Total 921 150 660 60 1791

L’axe principal est le développement de solutions innovantes de cloud et edge computing. La part publique de 421 M€ servira à financer 23 projets de R&D déjà sélectionnés par l’Etat. Ils comprennent par exemple une plateforme de edge computing pour l’IOT industriel, une plateforme cloud pour les acteurs de la recherche publique combinant IA et calcul haute performance ou encore un catalogue de solutions PaaS et SaaS sur une infrastructure SecNumCloud.  85% de l’enveloppe sera dirigée vers des PME, start-ups, et instituts de recherche, des projets open source ou des projets de relocalisation d’activités industrielles en France.

Second axe majeur, la création d’espace de données, possiblement dans le cadre de GAIA-X, sera soutenue publiquement à hauteur de 150 M€. Ce volet incitera à mutualiser les données des secteurs économiques clés et aidera à donner des perspectives commerciales claires aux offres de la filière cloud française et européenne. 66M€ seront consacrés à la recherche sur les technologies de rupture, à travers un Programme et Équipements Prioritaires de Recherche (PEPR) piloté par le CEA et l’INRIA. Et 30 M€ enfin à la mise en place de nouvelles formations initiales et continue autour des compétences cloud.

De nouvelles étapes sont par ailleurs annoncées. Sur le segment des offres de travail collaboratives (SaaS), un appel à manifestation d’intérêts sera ouvert avant la fin 2021. Au premier trimestre 2022, un appel à projets sera ouvert pour compléter  le  soutien  aux  projets  de  R&D, notamment ceux d’envergure européenne. L’État ouvre enfin des travaux avec les acteurs émergents sur un dispositif d’accompagnement à l’obtention du label cloud de confiance.