La France en perte de vitesse en matière de politique de la donnée et des codes sources ? C’est le message d’alerte et la tonalité qui prédominaient dans le rapport « pour une politique publique de la donnée » remis par le député Eric Botherel à Jean Castex fin 2020. Dans sa circulaire du 27 avril dernier, le Premier ministre répondait en déclarant : « je souhaite que le Gouvernement porte une ambition renouvelée en matière d’exploitation, d’ouverture et de circulation des données, des algorithmes et des codes sources publics au profit des usagers, des chercheurs, des innovateurs et de l’ensemble de nos concitoyens. »

L’une des premières expressions de cette ambition est « le plan d’action du gouvernement en matière de logiciels libres et communs numériques dans l’Administration », qui a été présenté le 10 novembre par la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin, à l’occasion du salon Open Source Experience.

Pour répondre aux enjeux actuels de l’open source dans l’administration le plan, piloté par un nouveau « pôle d’expertise logiciels libres » constitué au sein du département Etalab de la DINUM, fixe trois objectifs :

1- Mieux connaître et utiliser les logiciels libres et les communs numériques dans l’administration ;
2 -Développer et accompagner l’ouverture des codes sources du secteur public ;
3 -S’appuyer sur les logiciels libres et open source pour renforcer l’attractivité de l’État-employeur auprès des talents du numérique.

Pour promouvoir l’usage du logiciel libre, le gouvernement va d’abord s’atteler à mieux référencer les solutions. Il va continuer d’enrichir le Socle Interministériel de Logiciels Libres (SILL), qui est le catalogue de référence pour les administrations. Il liste plus de 200 logiciels (bureautique, développement, production) avec une utilisation significative dans des organismes publics rattachés à la fonction publique d’État ou hospitalière. Une autre source est le catalogue GouvTech, qui rassemble une quarantaine de solutions numériques libres, proposées par les entreprises et des associations aux acteurs publiques, et qui couvre déjà de nombreux domaines fonctionnels.

Le plan d’action s’accompagne aussi du lancement du site code.gouv.fr, qui recense les dépôts de code source des organismes remplissant une mission de service public. Il vise ainsi à faciliter leur découverte et à encourager les administrations à les réutiliser ou à y contribuer. Plus de 9000 codes sources déposés par plus de 1000 organismes ou groupes y sont déjà référencés.

Enfin, un espace est réservé sur la plateforme gouvernementale pour présenter et valoriser les démarches de communs numériques engagées par les administrations. Par exemple transport.data.gouv.fr qui rassemble les données relatives à l’ensemble de l’offre de mobilité en France ou encore datagir, pour les projets autour des données environnementales.

Pour renforcer son attractivité auprès des talents du numérique, le gouvernement va étendre son soutien au mouvement BlueHats, la communauté des agents publics et citoyens qui apportent leur contribution aux logiciels libres développés ou utilisés par l’administration publique. La Dinum, notamment, apporte déjà sa contribution par des publications et l’organisation d’ateliers. Un programme de stages va par ailleurs être mis en place en partenariat avec CentraleSupélec. La mission Talents sera aussi de la partie pour attirer des experts et constituer un vivier des talents du numérique.

Amélie de Montchalin a par ailleurs profité de la présentation du plan d’action pour annoncer un investissement de 30 millions d’euros, dans le cadre du plan de relance, pour développer les logiciels libres dans les collectivités territoriales. « L’objectif sera de promouvoir des solutions françaises et souveraines facilement accessibles, même pour des collectivités éloignées du numérique », a-t-elle précisée.