Des études récentes alertent à propos de la pollution environnementale liée à la cryptomonnaie basée sur la blockchain.

Une étude chinoise publiée le 6 avril dernier dans la revue Nature conclut que le « minage » du bitcoin – c’est-à-dire le calcul informatique qui permet de sécuriser la monnaie virtuelle – pourrait empêcher la Chine d’atteindre ses objectifs climatiques. Les auteurs principaux du rapport, Shouyang Wang et Dabo Guan, estiment que, dès 2024, les émissions de carbone annuelles liées aux activités de « minage » de bitcoins en Chine atteindront les cent trente millions de tonnes. Ce serait l’équivalent d’une consommation énergétique de 296,59 térawattheures (TWh).

Une autre étude, initiée par l’Université de Cambridge, indique que le bitcoin consomme actuellement 126,36 TWh par an, l’équivalent de la consommation électrique de la Suède. « L’énergie utilisée par le bitcoin pourrait alimenter toutes les bouilloires utilisées au Royaume-Uni pendant 27 ans », estime Michel Rauchs, chercheur au Centre de Cambridge.

Il faut savoir que les mineurs de bitcoins reçoivent – toutes les 10 minutes – un problème mathématique à résoudre. Le premier à finaliser le calcul grâce à ses machines empoche 6,25 nouveaux bitcoins. Cette récompense a pour objectif de motiver les mineurs à assurer la sécurité du réseau mais c’est ce minage en continu qui représente un gouffre énergétique. Et puis, comme la valeur de la devise virtuelle a été multipliée par cinq en un an, elle attire de nouveaux mineurs réunissant de la puissance de calcul toujours plus élevée. Notons que, selon les analystes de Bloomberg, la valeur d’un bitcoin pourrait atteindre 400.000 dollars au cours de cette année, contre 62.000 dollars aujourd’hui.

Alors, comment faire pour que la blockchain et les cryptomonnaies ne soient pas synonymes de pollution brute ?

« Faire intervenir les politiques publiques », selon Jean-Paul Delahaye, mathématicien et professeur émérite à l’Université de Lille interrogé par notre confrère de Reporterre. Il attire l’attention sur le fait que d’autres méthodes existent pour miner des crypto monnaies, comme la « preuve d’enjeu » utilisée par la monnaie Ethereum, mais que rien ne changera sans volonté politique.