La situation s’aggrave pour Kaspersky Lab, déjà banni des administrations et des entreprises sensibles américaines. En effet, dans un texte adopté le 13 juin, le Parlement européen « demande à l’Union de procéder à un examen complet des équipements logiciels, informatiques et de communication, ainsi que des infrastructures utilisées dans les institutions afin d’exclure les programmes et appareils potentiellement dangereux et d’interdire ceux qui ont été confirmés comme malveillants, comme Kaspersky Lab ».

« La décision du parlement européen accueille le cybercrime en Europe », a réagi Eugène Kaspersky dans un tweet. « Nous protégeons l’UE depuis 20 ans, travaillant avec les forces de l’ordre menant à l’arrestation de nombreux cybercriminels. Sur la base de la décision prise aujourd’hui par le parlement européen nous sommes contraints de geler notre coopération avec des organisations telles qu’Europol et NoMore Ransom. »

Le Parlement européen ne précise pas sur quels éléments est basée sa décision. Celle-ci n’est toutefois qu’une demi-surprise. En septembre dernier, L’Express indiquait que l’armée française avait commencé à réduire la présence des antivirus russes dans ses réseaux et ordinateurs au profit de Sophos et de Trend Micro. La Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information de la Défense (Dirisi) avait, selon nos confrères, même évincé Kaspersky de ses derniers appels d’offres. Selon une personne proche du dossier, la décision de couper tout lien avec Kaspersky avait été prise avant la réaction de l’administration US et ce pour les mêmes raisons, à savoir les liens supposés avec l’Etat russe.

Le mois dernier, le gouvernement néerlandais avait lui aussi décidé de bannir Kaspersky Lab de ses infrastructures informatiques « afin de garantir la sécurité nationale ». Considérant ces accusations injustes, le patron russe avait alors rappelé qu’il installait un datacenter en Suisse, un pays connu pour sa politique de neutralité et sa solide législation de protection des données. « Nous abordons la question de confiance en déplaçant nos installations de stockage et de traitement des données, de même que l’assemblage de nos logiciels en Suisse », avait expliqué à Reuters, Eugène Kaspersky. « Les données de nos clients en Amérique, Europe, Japon, Corée, Singapour et Australie seront désormais stockées et traitées en Suisse. D’autres pays suivront. »

Apparemment cela n’a pas suffi pour restaurer la confiance.