Les autorités chinoises auraient ordonné à toutes leurs agences gouvernementales ainsi qu’aux entreprises publiques de remplacer les PC fabriqués par des sociétés étrangères d’ici deux ans. En pratique, cela impliquerait de se débarrasser du matériel de Dell et de HP pour mettre celui de Lenovo à la place.

Selon une dépêche de l’agence de presse Bloomberg, cette décision – officieuse à ce jour – concernerait 50 millions de PC environ.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle rumeur circule : à la fin 2019, époque de l’administration Trump aux Etats-Unis, le quotidien économique britannique Financial Times avait publié un article intitulé « Pékin ordonne aux bureaux d’État de remplacer les PC et les logiciels étrangers ». Il était prévu que la transition prenne trois ans.

En effet, la Chine souhaite depuis longtemps être auto-suffisante technologiquement et se sevrer de sa dépendance à l’égard des fournisseurs IT étrangers, tant pour la partie matérielle que pour la partie logicielle.

Scott Kennedy, conseiller principal sur les affaires et l’économie chinoises au Center for Strategic & International Studies, a écrit sur Twitter le 6 mai : « C’est au moins la quatrième ou cinquième fois que Pékin « ordonne » le remplacement d’équipements de bureau étrangers, pour ensuite faire marche arrière. Je ne vois pas pourquoi cette fois-ci serait différente. Même s’ils remplacent par des marques nationales, il y aura toujours beaucoup de technologies américaines et occidentales à l’intérieur ».

Il souligne ainsi que le mandat du gouvernement de Xi Jinping ne devrait pas être très regardant sur toute la chaîne de conception des semi-conducteurs à l’intérieur des PC d’origine chinoise qui sont pour la plupart conçus par Intel, AMD et Nvidia.

C’est sans compter l’ambition de la Chine en matière de production nationale de puces. Notre confrère de l’Usine Nouvelle précisait en début d’année que « Si la Chine continue sur sa lancée, avec une croissance composée de 30% au cours des trois prochaines années, et si les autres pays maintiennent leurs taux de progression, l’industrie chinoise des puces pourrait générer 116 milliards de dollars de revenus annuels en 2024, captant plus de 17,4% de la production mondiale. De quoi placer le pays derrière les États-Unis et la Corée du Sud, crédités de parts respectives de 40% et 20%, selon les prévisions de la SIA. En quatre ans, elle aurait ainsi doublé son poids dans l’industrie mondiale de semi-conducteurs, aux dépens principalement des Etats-Unis ».