Belle sortie pour Keensight Capital. Après quatre ans passés au capital d’I-Tracing en tant qu’actionnaire minoritaire, le fonds d’investissement passe la main à son homologue Eurazeo. Selon l’accord d’exclusivité qu’il vient de signer avec I-Tracing, Eurazeo s’apprête à investir 65 M€ pour devenir l’actionnaire de référence du groupe de services de cybersécurité. Avec le fonds Sagard NewGen, qui investit pour sa part 20 M€ dans l’opération, Eurazeo va former une société qui contrôlera 51% du capital d’I-Tracing. Les dirigeants-fondateurs, Théodore-Michel Vrangos et Laurent Charvériat, et le management conservent les 49% restants du capital. L’opération, complétée par une dette unitranche de près de 40 M€ apportée par Ardian, valorise I-Tracing 165 M€. « C’est à ma connaissance la plus grosse valorisation accordée à une société de services cyber », se félicite à ce propos Théodore-Michel Vrangos.

En quatre ans, I-Tracing aura ainsi multiplié par quatre sa valorisation. Dans le même temps, le groupe aura triplé ses revenus, doublé le nombre de ses employés, planté de nouveaux jalons à l’international et réalisé sa première opération de croissance externe avec l’acquisition en octobre 2019 d’Idento.

En confiant la majorité de son capital au duo Eurazeo-Sagard NewGen, I-Tracing souhaite bien-sûr accélérer encore et s’imposer rapidement parmi les acteurs de référence dans le secteur des services de sécurité en Europe. Après avoir réalisé près de 50 M€ de chiffre d’affaires en 2020 (en croissance de 40%), le groupe espère atteindre 70 M€ cette année. Et s’il parvient à tenir la cadence de son plan de recrutement, il approchera probablement les 500 collaborateurs (contre 285 actuellement) et les 100 M€ en 2022.

Le rôle d’Eurazeo sera prépondérant dans cette accélération. Au-delà du fait que ce soit un fonds français et solide (coté en bourse), I-Tracing l’a choisi pour sa compréhension du métier des services informatiques. « Nous sommes sur une activité d’expertise qui nécessite de pouvoir attirer et fidéliser des profils expérimentés, explique Théodore-Michel Vrangos. Eurazeo va nous aider à mettre en place un mécanisme de motivation et de partage de la valeur à destination de ces profils. »

De fait, un tel mécanisme dit Man Pack (pour management pack) avait déjà été mis en place avec Keensight Capital. Cela avait permis de faire rentrer une douzaine de managers au capital. Avec Eurazeo, I-Tracing aimerait porter à une cinquantaine le nombre managers associés à terme.

Autre atout d’Eurazeo : son réseau de bureaux de soutien à l’international sur lequel I-Tracing compte s’appuyer pour ouvrir de nouvelles filiales ou mener des acquisitions à l’étranger. Déjà présent à Montréal, Hong-Kong et Londres, la société de services aimerait bien s’implanter en Chine continentale et à Singapour. Dans sa ligne de mire également, les USA et l’Europe (notamment le Bénélux et la Suisse).

En France, I-Tracing souhaiterait se renforcer dans le domaine de la sécurité Cloud (« un domaine extrêmement porteur ») et la sécurité industrielle. L’ESN étudie à cet effet plusieurs dossiers de croissance externe.

Malgré la crise sanitaire, l’activité a été, on l’a vu, extrêmement dynamique pour I-Tracing en 2020 portée notamment par la protection des données et les services managés, selon Théodore-Michel Vrangos. L’exercice a également été marqué par le succès de son rapprochement avec Idento, qui a vu son activité doubler en un an, dopée notamment par la montée en puissance de la gestion des accès utilisateurs (CIAM). Les équipes des deux sociétés vont bientôt être réunies dans les mêmes locaux, le groupe ayant décidé d’installer son nouveau siège dans un immeuble situé sur les quais de Seine à Courbevoie.