C’est un deuxième coup dur infligé par Google à Oracle. Au moment même où la Cour suprême tranchait en faveur de la firme de Googleplex dans le litige qui opposait depuis plus de 10 ans cette dernière à Oracle à propos de l’utilisation de Java dans Android, on apprenait par CNBC qu’Alphabet passera en mai prochain d’Oracle à SAP pour ses applications financières. La maison mère de Google continuera toutefois à utiliser d’autres systèmes Oracle. Interrogé par nos confrères, l’éditeur californien a refusé de commenter l’information.

Cette décision n’adoucira certainement pas les relations tendues entre les deux concurrents sur le marché du cloud. Aujourd’hui, les bases de données Oracle ne sont disponibles sur Google Cloud Platform qu’au travers d’une solution bare metal, l’éditeur refusant de certifier ses bases sur GCP. « L’exécution d’Oracle Database sur une solution bare metal de Google Cloud est manuelle et gérée par le client, ce qui peut être beaucoup plus coûteux à configurer, à exécuter et à entretenir », raille Oracle sur son site.

« Nous ne collaborons pas avec Google, car ce sont des concurrents », avait déjà expliqué en 2018 le fondateur et directeur technique d’Oracle, Larry Ellison, lors d’une réunion avec des analystes. Cette année-là justement, Thomas Kurian, alors responsable du développement d’Oracle, quittait l’entreprise après 22 ans de bons et loyaux services sur un différent avec le même Larry Ellison, et rejoignait peu de temps après Google Cloud en tant que CEO. Un ralliement qui a dû être vécu comme une trahison par le bouillant Larry.

La migration du la solution Oracle vers SAP a nécessité des mois de travail et des ressources d’ingénierie étendues, a expliqué à CNBC une source proche de l’opération.

Chez SAP on se réjouit mais dans la discrétion. « Nous sommes heureux de confirmer qu’Alphabet exécute SAP S / 4HANA sur Google Cloud pour soutenir ses équipes financières, et nous sommes ravis de continuer à développer notre travail avec elles », a sobrement déclaré un porte-parole de l’éditeur allemand dans un e-mail transmis à nos confrères.

Rappelons que lors de la présentation des résultats financiers de la société le mois dernier, Larry Ellison avait consacré une dizaine de minutes à vanter les succès d’Oracle dans le braconnage des clients SAP. Expliquant que son concurrent avait « raté le coche », il avait cité quelques logos raflés totalement comme Western Digital ou partiellement comme Honda ou DHL.

Assurément, ces enfantillages ne sont pas prêts de se terminer.