En dépensant 16 milliards de dollars (4 milliards en numéraire et 12 milliards en actions), pour WhatsApp, Facebook vient de faire la plus grosse acquisition de son histoire. La note risque d’ailleurs d’être encore plus salée

puisque le réseau social s’engage à distribuer 3 autres milliards de dollars en actions aux dirigeants et salariés de WhatsApp qui resteront à leur poste au moins quatre ans après la clôture de l’opération. C’est une sorte d’assurance vie pour Facebook qui malgré ses dix ans d’âge avait absolument besoin de sang neuf. Déserté par les adolescents, la firme de Menlo Park avait essayé en vain de racheter SnapChat l’année dernière. Le fondateur du réseau de partage de photos, Evan Spiegel, avait alors dédaigné les 3 milliards de dollars qu’on lui offrait.
La firme de Mark Zuckenberg a cette fois-ci mis le paquet pour convaincre Jan Koum et Brian Acton, qui détiennent à eux deux 60% des actions de WhatsApp et rejoignent ainsi le club des milliardaires américains.

Plébiscitée par les jeunes, l’application revendique 450 millions d’utilisateurs – dont 70% se connecteraient quotidiennement – qui se recrutent aussi bien dans les pays matures que dans les pays émergents. Une base de clients qui devrait plus que doubler si l’on en croit Mark Zuckenberg.  » WhatsApp est en bonne voie pour connecter un milliard de personnes », explique dans un communiqué le fondateur de Facebook qui ajoute  » Les services qui permettront d’atteindre ce jalon sont tous incroyablement précieux « . Selon lui, le nombre de messages envoyés par WhatsApp est proche de celui des SMS transitant par l’ensemble des opérateurs télécoms dans le monde (environ 7.000 milliards par an). Un succès incroyable pour une entreprise qui n’emploie que 55 personnes. Contrairement à ses concurrents

WhatsApp n’est pas gratuit, sauf la première année. Pour utiliser le service, il faut ensuite débourser 99 cents par an. Avec un milliard d’utilisateurs, la société pourrait ainsi générer près d’un milliard de chiffre d’affaires à son nouveau propriétaire.

Des concurrents en embuscade

Celui-ci ne souhaite pas toucher à cette potentielle poule aux oeufs d’or. WhatsApp restera une entité indépendante et conservera son siège de Mountain View.  » Pour nos utilisateurs, rien ne changera « , promet de son côté Jan Koum qui conserve la direction de la société. Il rejoindra par ailleurs le conseil d’administration de Facebook.

Cela dit, le pari de Mark Zuckenberg est risqué. La clientèle des réseaux sociaux et autres messageries est volatile. Rien ne dit que d’ici quelques mois certains utilisateurs de WhatsApp ne se seront pas tournés vers autre chose. D’autant que de son côté le Chinois Tencent souhaite partir à la conquête des pays émergents, voire plus, avec son application concurrente WeChat, actuellement circonscrite à la Chine et à l’Inde (où elle comptabiliserait plus de 300.000 utilisateurs). Menacent également Viber, tombé récemment dans l’escarcelle de Rakuten, et bien entendu SnapChat.
Une chose set sûre : il n’y a pas de place pour tout le monde.