Toutes les conditions sont réunies pour une reprise des concentrations dans le secteur des services informatiques. Les levées de capitaux et les émission de titres en sont les signes annonciateurs.

 

Cours de bourse et liquidités renforcés pour les ténors du service informatique, épuisement des réserves et faible valorisation des petites structures, mais absence de visibilité à court et moyen terme : selon les spécialistes des opérations de haut de bilan, bien que totalement logique, la reprise du mouvement de concentration du secteur logiciels et services, interrompu par la crise, s’amorce très timidement.

Les quelques manœuvres de rapprochement concrétisées depuis cet été entre acteurs de taille significative (Orsyp-Sysload, Sodifrance-TSI) et les déclarations d’intention de croissance externe (GFI, Sopra, Bull) n’en prennent que plus de relief. « Les publications de résultats du troisième trimestre, qui s’annoncent moroses, refroidissent les ardeurs, mais intrinsèquement, toutes les conditions sont réunies pour une relance des opérations de fusion-acquisition », estime Michaël Azencot, associé du cabinet de conseil Financière Cambon.

De fait, le niveau de valorisation des entreprises moyennes est au plus bas. Et le secteur des SSII n’échappe pas à la règle. Selon l’indice Argos Mid-Market, la valorisation des entreprises non cotées de la zone euro est tombé au 1er semestre 2009 à 6,2 fois le résultat d’exploitation (contre un facteur 8 ou 9 dans les années 2006-2007). « De quoi inciter à l’attentisme à la fois les acheteurs et les vendeurs qui ne veulent pas céder leur affaire à un prix aussi bas », explique Louis Godron, directeur général d’Argos Soditic. D’où le gel des opérations visibles en 2009.

Un signe : la reprise des levées de fonds


Il reste que, crise ou pas, la logique de consolidation du secteur perdure. Et, comme les années précédentes, la multiplication des petites transactions (changement de contrôle du capital) de moins de 10 millions d’euros reste la règle (140 en 2007 selon AP Management, une centaine en 2008). « En dehors des mastodontes, qui dépassent le milliard de chiffre d’affaires, et en dehors des petites sociétés qu’ultra-spécialisées de moins de 20 millions de chiffre d’affaires, dans le panel des sociétés de 200 à 500 millions de chiffre d’affaires, dont la plupart sont généralistes, il ne manque pas de candidats à la croissance externe, contraints de reprendre la course à la taille critique », remarque Michaël Azencot (Financière Cambon). Sauf que « tout est question de moyens », rappelle Jean-François Paumelle, directeur général d’Alto Invest, spécialiste de l’investissement dans les PME.

Avec la remontée de la bourse et l’amorce d’une moindre frilosité des banques, si reprise des opérations il y a, ce n’est encore qu’au niveau des levées de capitaux et de l’émission de titres. Comme, récemment, chez Ausy ou ITS Group. « De tels appels au marché se font soit pour restructurer la dette, soit pour préparer une croissance externe », indique Jean-François Paumelle, « mais on n’en est qu’au stade de l’observation. La bourse va mieux, mais reste à voir si le rebond se poursuivra ». De plus, à analyser la hausse des défaillances d’entreprises du secteur logiciels et services (ndlr : encore de +20% au troisième trimestre 2009 parmi les sociétés de plus de dix salariés), celles-ci ne mènent pas forcément à un rachat par des sociétés qui ont mieux résisté à la crise. Mais qui tentent de reprendre du souffle.

Sauf exception des grands acteurs qui ont déjà annoncé la couleur (Sopra, notamment, qui vise une acquisition d’envergure en Europe), les analystes interrogés ne voit pas la reprise des manœuvres se concrétiser à court terme. « Vu le temps que prend le process de rapprochement, ceux qui sont dans les starting blocks maintenant ne sortiront pas avant mi-2010 », pronostique Michaël Azencot.