L’intégrateur des Hauts de Seine vient de sortir par le haut de la procédure de sauvegarde sous la protection de laquelle il avait demandé à être placé il y a un an. La conséquence d’un litige avec Computacenter qui dure depuis quatre ans.

Le début de ses ennuis, Didier Rault, PDG de l’intégrateur, le situe en effet en 2011 lorsqu’il décide de répondre à l’appel d’offre de l’Ugap sur son domaine de prédilection : les infrastructures en environnement Solaris. Ayant l’expertise technique pour le marché visé mais « pas nécessairement la méthodologie pour soummissionner », AR Systèmes s’associe avec Computacenter.

Il est convenu que ce dernier jouera le rôle de mandataire, se chargeant d’acheter les matériels et de facturer les clients, AR Systemes assurant de son côté l’avant-vente et les prestations de services. La marge doit être partagée en deux, y compris sur la partie négoce : AR Systemes ne facture pas ses avant-vente mais se rémunère sur les ventes de matériels.

Mais, bien qu’ayant accepté ce principe, Computacenter ne lui a jamais reversé la quote part prévue, selon Didier Rault. Sur un montant d’achats cumulés de l’ordre de 20 M€ sur trois ans, il estime le manque à gagner d’AR Systemes à plusieurs centaines de milliers d’euros. Computacenter n’a pas pu être joint à temps pour donner sa version des faits mais nous ne manquerons pas de l’ajouter si nous la recevons.

En 2014, la situation devient critique : la société affiche 2 M€ de pertes. En juillet 2014, elle entre en procédure de sauvegarde pour, explique alors son PDG, « borner précisément la dette et sécuriser l’adossement de la société à un partenaire industriel ».

Un an plus tard, AR Systemes est non seulement parvenu à limiter les dégâts mais a même commencé à remonter la pente. Bien que l’effectif soit descendu en quatre ans de 70 à 40 collaborateurs, l’activité est finalement meilleure que prévu sur l’année en cours. La société devrait terminer l’exercice 2015 sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 M€ et surtout sur un résultat opérationnel positif proche de 500 K€. Avec les reprises de provisions et les abandons de créances, l’entreprise devrait même afficher un résultat net de 1,5 M€.

« Heureusement, les clients nous ont soutenu », explique plein de gratitude Didier Rault. Une évolution qui ne rend plus l’adossement aussi nécessaire. L’option est toujours envisagée mais, fort d’une situation assainie, Didier Rault entend désormais discuter sur des bases différentes. Pour le futur, l’activité promet de se stabiliser autour de 10 M€ de facturations annuelles avec une croissance des services. Revenue à un taux d’occupation proche de la saturation, la société a même commencé à réembaucher.

Sortie de 17 juillet de son plan de sauvegarde, AR Systèmes doit néanmoins rembourser une dette de 1,5 M€ sur un échéancier de huit ans. Mais Didier Rault espère bien récupérer une bonne partie de cette somme auprès de Computacenter en dommages et intérêts devant les tribunaux.

Reste encore à convaincre la dizaine de clients qui achetait ses prestations via l’Ugap de contractualiser en direct. Renouvelé fin 2014, le marché Ugap vient en effet d’être attribué à… Computacenter, allié cette fois à Digora. AR Systèmes, qui concourrait avec D.Fi a été recalé non pas sur les critères de prix mais sur ceux de l’expertise technique.

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Droit de réponse

Ce mercredi 16 septembre 2015, Computacenter nous a fait parvenir le droit de réponse suivant :

« La société Computacenter souhaite réagir suite à un article paru le 11 septembre 2015, dont les termes laissent sous-entendre qu’elle serait à l’origine du placement sous sauvegarde de la société AR SYSTEMES en date du 24 juillet 2014.

Si les sociétés Computacenter et AR SYSTEMES ont bien été en partenariat dans le cadre de l’appel d’offre de l’UGAP en 2011, il n’a jamais été prévu que la société AR SYSTEMES se rémunère exclusivement sur les ventes de matériels.

Il était prévu un partage des marges globales dégagées de part et d’autres (marges des prestations de service effectuées par AR SYSTEMES et marges des ventes de matériels effectuées par COMPUTACENTER) à hauteur 50% pour chacun des partenaires.

Les sociétés COMPUTACENTER et AR SYSTEMES s’opposent aujourd’hui sur la répartition de leur marge, sachant que la société COMPUTACENTER s’est aperçue que la société AR SYSTEMES conservait par devers elle, des marges qu’elle dégageait discrètement en amont et sans en avoir alerté son partenaire ni rémunéré ce dernier.

La société COMPUTACENTER ne saurait être responsable de la procédure collective de la société AR SYSTEMES dans la mesure où elle n’en a été alertée que grâce à sa vigilance et a été de surcroît contrainte de déclarer sa créance à hauteur de près d’un demi-million d’euros, étant précisé que l’affaire est actuellement pendante devant la justice. »