Malgré la bouffée d’oxygène accordée le mois dernier par le tribunal de commerce de Paris qui a accordé à l’opérateur un délai pour verser les 21 millions d’euros obtenus par par SFR en règlement d’un litige, Kosc Telecom s’est déclaré en cessation de paiements mardi, nous apprend LesEchos, laissant une ardoise de 120 millions d’euros.

Créé à l’automne 2015 avec le soutien des pouvoirs publics (BPI) qui souhaitaient l’émergence d’un opérateur susceptible de briser le quasi-monopole d’Orange et SFR – qui se partageait alors 85% du marché des télécoms pour les entreprises-, Kosc est à court de liquidités.

Fondé par Yann de Prince, l’ancien fondateur-dirigeant de l’opérateur B2B réunionnais Mobius, l’opérateur wholesale était entré sur le marché en 2017 avec un réseau de 20.000 km reliant 180 agglomérations. « Il y a un vrai besoin pour les opérateurs d’entreprise d’avoir un fournisseur qui ne soit pas leur concurrent », avait alors expliqué le directeur général Alain Fournier.

Au printemps 2018, l’opérateur avait ouvert un marché de gros d’offres de fibre mutualisée (FTTH) permettant à six opérateurs de proposer aux entreprises des offres très haut débit basées sur ses liens fibre.

Kosc avait cependant dû attendre le début de cette année pour que le réseau soit complètement déployé à l’échelle nationale, permettant enfin de raccorder les premières prises et d’enregistrer des commandes. Beaucoup d’argent ayant été dépensé entre-temps, la société avait besoin d’argent frais. Un tour de table de 10 millions d’euros avait alors été lancé, auquel la Banque des Territoires (groupe Caisse des Dépôts) devait apporter une contribution majoritaire. Celle-ci s’est retirée lorsque SFR – qui avait été attaqué par Kosc qui lui imputait des retards dans la livraison du réseau de Completel – a obtenu le versement des sommes que Kosc refusait de lui verser, plus quelques dédommagements. En tout une facture de près de 21 millions d’euros pour Kosc, proche d’être saigné à blanc. D’autant que SFR avait demandé une saisie conservatoire sur ses comptes, saisie finalement refusée par le tribunal de commerce.

Yann de Prince a depuis vainement cherché un acheteur. L’entreprise devrait à nouveau être entendue  la semaine prochaine au tribunal de commerce, cette fois dans le cadre d’une probable liquidation. Kosc pourrait alors être repris à la barre. Soutenu par OVH, qui participe à l’aventure depuis le début, Bouygues pourrait emporter le morceau. A moins que ce ne soit Free, qui pourrait aussi poser sa candidature pour récupérer la dizaine de millions de lignes fibrées de l’opérateur malheureux.