Les grossistes IT s’accordent à dire que la reprise constatée au troisième trimestre a marqué le pas en octobre, notamment en raison du climat social. La fin de l’année reste incertaine malgré la baisse annoncée des prix.

 

Vigies du marché IT, les grossistes informatiques sont inquiets. Après l’accélération de la croissance constatée au troisième trimestre, l’activité des prestataires informatiques a brusquement mollit au mois d’octobre. Révélé par l’indicateur d’activité de Compubase, ce ralentissement nous a été confirmé par la plupart des acteurs que nous avons interrogés. Bien sûr les situations sont très disparates selon les sociétés et les marchés concernés mais la tendance est bien là.

Globalement, ce sont les produits volumes qui auraient le plus trinqué avec des ventes en recul par rapport à l’an dernier. En revanche, les logiciels auraient accusé le coup mais resteraient en croissance. Quant aux matériels à valeur ajoutée, c’est contrasté. Ceux qui sont en gain de parts de marché sur ces produits ne se plaignent pas. Les autres tirent la langue. In fine, octobre aurait été moins bon que septembre, selon Compubase, alors qu’il s’agit normalement d’un des trois meilleurs mois de l’année avec décembre et mars.

Reste à comprendre les raisons de cette rechute et à établir s’il s’agit d’un simple accident de parcours ou d’une tendance plus durable. Tout le monde est d’accord pour pointer la responsabilité des mouvements sociaux et des pénuries de carburant. « Le climat social n’est pas favorable au business », résume le directeur des achats de l’un d’eux. Mais les grèves n’expliquent pas tout et chacun en est encore à échaffauder des hypothèses : concurrence accrue de Dell ? Rechute générale de l’économie ?

Toutefois, personne ne semble incriminer la remontée des prix consécutive à chute de l’euro cet été. « La remontée des prix n’a pas eu d’effet réel sur le business si ce n’est de nous avoir fait dépasser nos objectifs de chiffre d’affaires », confie le pdg d’un grossiste généraliste. « L’évolution de la parité euro-dollar a peut-être une incidence sur les marchés grands compte mais pas sur nos marchés PME », renchérit le patron d’un grossiste régional.

Oui mais à l’heure où les prix rebaissent sous le coup du reflux du dollar, le ralentissement du mois d’octobre n’arrive-t-il pas au pire moment ? « Incontestablement, répond l’un de nos interlocuteurs. On doit se dépêcher de vider les stocks avant que les nouvelles séries à meilleur marché n’arrivent. On est en plein trading ». Reste que l’euro qui remontait s’est remis à baisser ces derniers jours en proie à de nouvelles attaques en raison de l’endettement de l’Irlande. Si bien que si baisse de prix il y a, elle ne devrait pas être sensible avant janvier.

D’ici là, quelle va être la tendance ? « Novembre a mal commencé avec quasiment une semaine de ponts et décembre risque d’être tronqué par les congés sur les deux dernières semaines », déplore le patron d’un grossiste généraliste. « Nous avons très peu de visibilité dans le retail mais le SMB et le corporate devraient enregistrer une croissance à deux chiffres », prévoit pour sa part son homologue chez un concurrent. « Nous avons encore une chance de revenir au niveau de 2009 mais on ne rattrapera plus le retard accumulé ces dernières semaines », regrette quant à lui le directeur des achats d’un autre.