En publiant un document de travail des opérateurs évoquant la fin de l’Internet illimité, le site Owni a jeté un pavé dans la mare. À la Fédération Française des Télécoms on nie tout en… confirmant.
Touche pas à mon débit ! C’est par ce slogan que l’on pourrait résumer les nombreux commentaires outrés (près de 13.000 à ce jour) postés sur Owni après la publication par le site d’un document de travail de la Fédération Française des Telecoms (FFT).
Si l’on en croit ce document, SFR, Orange et Bouygues songeraient à réduire le débit de l’Internet fixe au-delà d’un seuil de volume de données consommées. Un modèle déjà en application pour l’Internet mobile. Officiellement, il s’agit de freiner les utilisateurs qui downloadent des films toute la journée.
Un problème se pose toutefois aux dits opérateurs : comment justifier un tel procédé alors que le problème de la saturation des réseaux ne se pose pas avec la même acuité que pour l’Internet mobile et que la technologie triple play est entrée dans les foyers depuis belle lurette ? Autre obstacle à contourner : Free. Il semble en effet peu probable que celui qui se présente comme le chevalier blanc des télécoms accepte de se laisser entraîner dans une aventure où il aurait tout à perdre.
Cela dit, on ne peut empêcher la troïka des télécoms de rêver à une situation à l’américaine. Outre-Atlantique les clients des principaux opérateurs, notamment Verizon et AT&T, sont équipés d’un compteur leur enjoignant de ne pas dépasser le seuil de consommation fixé contractuellement. Sinon, selon les cas, c’est la ponction du porte-monnaie assurée ou, pire encore, la coupure.
La publication du document suscite la gêne à la FTT. Dans une interview accordée au Figaro, son directeur général Yves Le Moël, évoque « un buzz qui a dérapé ». « Les présidents des grands opérateurs ont simplement dit ces derniers mois qu’ils iraient vers la différenciation de leurs offres et que ceux qui consomment le plus pourraient être mis davantage à contribution. Mais le consommateur lambda n’a aucune chance d’être concerné », explique ce dernier, sans s’apercevoir semble-t-il, qu’il confirme ainsi la fin de l’Internet illimité pour tous. Seraient exclus les « 5% à 10% de consommateurs qui utilisent 80% de la bande passante », passant leur temps à télécharger des films, à consulter de la vidéo sur Facebook, YouTube, Dailymotion. Une taxe sur les jeunes en quelque sorte.