Mustapha Nhari, responsable commercial de Asus France, dresse un premier bilan du phénomène EeePC. Il en profite pour confirmer les ambitions de la marque sur le segment professionnel.
Quatre mois après son lancement, le EeePC est objectivement un succès en France, tant en termes de ventes qu’en terme de notoriété pour Asus. Le constructeur taïwanais annonce qu’il déclinera son produit vedette en une véritable gamme dès la rentrée de septembre. Pour autant, ses ventes de PC portables traditionnels marquent le pas. Le constructeur compte sur des configurations orientées performance et le lancement d’une gamme professionnelle pour se relancer.
Channelnews : Selon le Gartner, vous auriez vendu 60 000 exemplaires de votre EeePC sur le marché français au premier trimestre. Cela reste toutefois en deçà de vos prévisions initiales qui étaient d’en vendre 500 000 sur l’année. Allez-vous revoir vos ambitions à la baisse ?
Mustapha Nhari : Nous allons attendre la fin du deuxième trimestre pour faire le point et communiquer sur le maintient ou non de nos prévisions. Je rappellerais cependant que l’EeePC n’a été disponible qu’à partir de la fin du mois de janvier. Gartner comptabilise donc deux mois de ventes effectifs. De plus, le produit a été victime de son succès : il est en réalité contraint depuis son lancement. J’ajouterais que nous sommes bien partis pour dépasser notre score du premier trimestre sur la période avril-mai-juin. D’autant que la deuxième génération, l’EeePC 900, est en cours de livraison et sera disponible partout dès le 28 mai, date du lancement officiel. Et à partir de la rentrée de septembre nous disposerons d’une véritable gamme avec cinq modèles supplémentaires positionnés entre 299 € et 499 €. C’est donc un succès indéniable. Le plus étonnant, c’est qu’alors que nous pensions toucher principalement les néophytes, ce produitintéresse tout le monde, y compris les technophiles, les entreprises et le monde de l’éducation.
Channelnews : Prévoyez-vous un EeePC pour les professionnels ?
Mustapha Nhari : Il y a en a déjà un puisque, nous proposons une configuration équipées d’un OS Windows XP. À partir de la rentrée, nous aurons également du Bluetooth, de la 3G intégrée… De quoi combler les attentes des professionnels. On réfléchit même à un modèle équipé d’un écran tactile.
Channelnews : Hors EeePC, vos ventes en volumes ont tendance à stagner. Que se passe-t-il ?
Mustapha Nhari : Il se passe que le marché n’évolue pas en notre faveur. Notre stratégie a toujours été orientée moyen/haut de gamme. Or les positionnements prix sur lesquels nous nous exprimions le mieux jusqu’à présent sont en voie de disparition. Il y a deux ans, nous faisions 40% de nos ventes sur des configurations à plus de 1000 €. Aujourd’hui, c’est moins de 20%. Et bientôt 1000 € représentera le haut de gamme. Le prix de référence pour un PC portable « équilibré » se situe désormais à 699 €. Nous, nous sommes plutôt à 799 €, soit un « price point » au-dessus. Et nous refusons de participer à cette guerre des prix en ne descendant pas sous la barre des 599 €. Néanmoins, notre objectif reste de faire de la croissance. Pour nous différencier, nous misons sur des configurations sans compromis orientées full HD, jeu ou mobilité. Nous proposons ainsi une gamme complète d’ultra-portables.
Channelnews : Vous invoquez votre positionnement moyen-haut de gamme mais en même temps ne contribuez- vous pas à la guerre des prix avec votre PC low cost ?
Mustapha Nhari : L’EeePC n’est pas un PC à bas coût mais plutôt un NetPC conçu dès le départ pour répondre à un usage d’accès à Internet en situation de mobilité. C’est tout sauf un PC dégradé. Il intègre des composants optimisés et des technologies au goût du jour (comme par exemple de la mémoire Flash). Objectivement, c’est vrai qu’il a touché une cible bien plus large que celle initialement prévue. Du coup, pour éviter tout amalgame, à partir de septembre, nous allons cesser d’y apposer le logo Asus. L’EeePC va devenir une marque à part entière. Cela dit, il nous a fait gagner deux ans dans le développement de notre notoriété en France. Grâce à ce produit, nous avons touché des clientèles, notamment les familles, qui ne nous connaissaient pas auparavant.
Channelnews : Vous aviez annoncé en 2007 votre arrivée sur le segment professionnel. Or, mis à part la sortie d’un ou deux modèles, rien n’est venu. Qu’en est il ?
Mustapha Nhari : C’est vrai que nous prévoyions de nous lancer sur le marché professionnel et que nous avons pris du retard. Ce marché réclame plus de services et des produits différents, moins orientés performance mais plus suivis dans la durée. Structurer tout ça réclame du temps. Mais nous devrions commencer à répondre aux appels d’offre à partir de la rentrée de septembre, période à laquelle notre gamme dédiée (baptisée Business) commencera à être disponible. Nous sommes en train de recruter un ingénieur commercial à cet effet : quelqu’un qui a une expérience des grands comptes et qui est bilingue.
Channelnews : Six ans après votre implantation, où en êtes-vous de votre déploiement en France ?
Mustapha Nhari : Partie de deux personnes en 2002 lors de son installation, la filiale française compte actuellement une cinquantaine de personnes. Et le développement est régulier. Nous venons d’embaucher deux nouveaux responsables de comptes clés sur la partie distribution grand public et, côté revendeurs, l’équipe vient également de s’étoffer. Parallèlement nous sommes en train de constituer une équipe commerciale régions de 8 personnes qui sera chargée d’animer nos 4000 revendeurs enregistrés et de visiter les magasins de la grande distribution. Si bien que nous avons fini par nous trouver à l’étroit dans nos locaux actuels. Nous sommes en train de déménager dans des locaux plus spacieux et plus pratiques à Noisy-le-Grand (Val-de-Marne), à proximité de l’autoroute et des transports en commun. Nous allons occuper un étage entier et nous avons mis une option sur un second étage.